Alimentation et impact environnemental : climat, eau et biodiversité

Danemark : les nouvelles recommandations alimentaires permettraient de réduire nettement l’empreinte carbone de l’alimentation

En 2020, le Danemark a adopté de nouvelles recommandations nationales de consommation alimentaire destinées à contribuer à la santé de la population, tout en réduisant l’empreinte carbone de l’alimentation. Une étude récente a évalué l’effet potentiel de ces nouvelles recommandations. D’après ce travail, la transition vers ce nouveau régime alimentaire implique d’augmenter la consommation de produits d’origine végétale, tels que les légumes et les légumineuses et de réduire la consommation de viande, notamment de bœuf et d’agneau. Une telle évolution permettrait de réduire de plus du tiers l’empreinte carbone de l’alimentation des Danois.

Le système alimentaire mondial actuel n’est pas durable et pèse sur l’environnement. Il représenterait, notamment, 21% à 37% des émissions globales de gaz à effet de serre liées aux activités humaines (Rosenzweig, 2020). Face à cette situation, le parlement danois a fixé un objectif de réduction de 70 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, comparé aux émissions de 1990 (Danish Ministry of Climate, 2020). Des recommandations nationales de consommation alimentaires – les Official Danish Dietary Guidelines-good for health and climate – ont été élaborées pour y contribuer en accompagnant la population vers une alimentation saine, plus végétale (voir encadré). Le régime danois riche en végétaux est l’alimentation de référence issue de ces recommandations.

Une étude récente (Trolle, 2022) a évalué la réduction d’empreinte carbone qui serait associée à une transition de l’alimentation actuelle vers ces nouvelles recommandations.

Le régime danois riche en végétaux réduirait de plus du tiers les émissions de gaz à effet de serre

Ce travail s’est appuyé sur deux bases de données relatives à l’empreinte carbone des aliments, toutes deux utilisant l’analyse de cycle de vie. Les consommations alimentaires actuelles des Danois, ainsi que celles correspondant au régime danois riche en végétaux ont été croisées avec les données d’empreinte carbone des aliments pour calculer l’empreinte carbone des régimes alimentaires au niveau du stade de vente au détail et à domicile (voir méthodologie).

 

Vente au détail

A domicile

Emissions calculées avec la base AU-DTU (kg CO2-eq/10 MJ) Emissions calculées avec la base BCD (kg CO2-eq/10 MJ) Emissions calculées avec la base AU-DTU (kg CO2-eq/10 MJ) Emissions calculées avec la base BCD (kg CO2-eq/10 MJ)
Alimentation danoise actuelle 4.37 De 4.79 à 5.46* 4.78 De 5.29 à 6.04*
Régime danois riche en végétaux 3.01 De 2.72 à 3.04* 3.32 De 3.02 à 3.38*

*Les valeurs indiquées pour la base BCD correspondent à l’inclusion (valeur basse) ou non-inclusion (valeur haute) des effets du changement d'affectation des sols indirect

Emissions de GES associées au régime alimentaire danois actuel et au régime danois riche en végétaux

Les valeurs indiquées pour la base BCD correspondent à l’inclusion (valeur basse) ou non-inclusion (valeur haute) des effets du changement d’affectation des sols indirect (CASI).

Les résultats présentés dans le tableau 1 montrent qu’une transition vers un régime riche en végétaux permettrait de réduire considérablement l’empreinte carbone au niveau du stade de vente au détail de :

  • 31 % selon les données de l’AU-DTU (3,01 kg d’équivalent CO2/10 MJ),
  • de 43 % à 44 % en utilisant la BCD, selon que le changement indirect d’affectation des terres est ou non pris en compte (2,72 et 3,04 kg d’équivalent CO2/10 MJ).

Des réductions d’ordres similaires sont également constatées pour l’évaluation au niveau des foyers.

La réduction des produits animaux principal levier de réduction des émissions de gaz à effet de serre

D’après les deux bases de données utilisées, les produits d’origine animale sont actuellement les contributeurs majeurs des émissions de gaz à effet de serre dans l’alimentation des Danois. Ces produits représentent 61% des émissions actuelles liées à l’alimentation selon la base AU-DTU et 69% à 71%* selon la base BCD. A l’inverse les produits d’origine végétale représentent 21% des émissions actuelles selon la base AU-DTU et 16 à 14% * selon la base BCD.

Ainsi, le passage au régime danois riche en végétaux – par définition moins riche en produits d’origine animale – s’accompagnerait d’une baisse des émissions de gaz à effet de serre et d’un rééquilibrage des émissions entre produits d’origine animale et végétale.
En suivant le régime danois riche en végétaux, les produits d’origine animale seraient, ainsi, responsables de 42 % des GES et les produits d’origine végétale de 44 % selon les données de la base AU-DTU.

Figure 1: Proportion (%) des émissions de GES des différents groups d’aliments dans le régime alimentaire actuel des Danois et dans le régime danois riche en végétaux (adapté de la publication d’origine Trolle, 2022)

La diminution des émissions de gaz à effet de serre associée au suivi des nouvelles recommandations de consommation alimentaire est principalement due à la diminution de la quantité de bœuf et d’agneau consommée. Cela représenterait une diminution de 0,63 kg d’éq. CO2/10 MJ pour la base AU-DTA. Selon les données de la base BCD, cette réduction de la consommation de viande de bœuf et d’agneau entraînerait une diminution des émissions de gaz à effet de serre de 1,7 kg d’équivalent CO2/10 MJ, soit 2,6 fois la réduction estimée avec les données AU-DTA.

D’après ce travail, la transition vers le régime alimentaire danois riche en végétaux implique d’augmenter la consommation de produits d’origine végétale, tels que les légumes et les légumineuses. Cette évolution entraînerait une réduction de l’empreinte carbone de l’alimentation danoise en raison d’une moindre consommation de viande, notamment de bœuf et d’agneau.

Au-delà de ces résultats prometteurs, les auteurs soulignent la nécessité de recherches complémentaires pour identifier les leviers permettant d’accompagner les consommateurs et parties prenantes dans cette transition. A cette fin, ils encouragent le développement d’outils en co-création pour guider les consommateurs, mais aussi les acteurs du système alimentaire.

Des recommandations saines et durables, adaptées au contexte national danois

Un régime riche en végétaux est défini comme pauvre en viande et en aliments discrétionnaires, riche en fruits, légumes, légumineuses, noix, graines, produits céréaliers complets et pommes de terre, et modéré en poissons, produits laitiers, œufs et huiles végétales (Lassen, 2020). Le « régime danois riche en végétaux » correspond au modèle alimentaire de référence défini par les Official Danish Dietary Guidelines-good for health and climate « . C’est un régime omnivore qui vise à limiter – mais pas à exclure – la viande et les autres produits d’origine animale. Il a été conçu pour répondre aux besoins nutritionnels des personnes âgées de 6 à 65 ans et afin d’être conforme au régime de référence mondial de la Commission EAT- Lancet, tout en tenant compte de la disponibilité des aliments et de la culture nationale danoise. Ces recommandations ont été développées à partir des données danoises sur la composition des aliments et sur la consommation alimentaire des adultes âgés de 15 à 75 ans (n=3189).

Méthodologie
Messages clés
  • Le régime danois riche en végétaux permettrait de réduire l’empreinte carbone de l’alimentation de 31% selon une base de données, de 43% selon l’autre.
  • La réduction de la consommation de viande rouge est le levier contribuant le plus aux réductions des émissions de gaz à effet de serre.
  • L’analyse de cycle de vie et les bases de données relatives à l’empreinte carbone des aliments sont des outils importants à prendre en compte pour développer des recommandations destinées à faire évoluer les consommations alimentaires.
Références
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