Consommation de fruits & légumes et voies respiratoires

Recommandations nutritionnelles : dans la tête plus que dans l’assiette !

Une enquête récente* apporte des éléments intéressants sur la façon dont nos concitoyens gèrent leur santé et, en particulier, le facteur alimentation.

Considérés dans leur ensemble, les Français portent un regard positif sur leur état de santé : la note qu’ils lui attribuent s’établit en moyenne à 7,5 sur 10. Pourtant, deux interviewés sur trois font état de maladies déclarées (diabète pour 5 % des enquêtés, hypertension pour 12 %), de comportements à risques (tabac pour 22 % et alcool en excès pour 6 %) ou encore de facteurs de risques (cholestérol pour 18 % et surpoids pour 36 %).

L’évaluation du degré d’implication dans la gestion de sa santé fait apparaître un clivage entre les répondants. Si 1 Français sur 2 (53 %) déclare s’occuper régulièrement de sa santé, l’autre moitié de la population (43 %) ne s’en soucie que lorsqu’elle est malade ou lors de périodes bien particulières comme la maternité ou les vacances.

Autre résultat qui nous rappelle que nos concitoyens figurent parmi les plus gros consommateurs de médicaments au monde : 55 % en prennent “pour rester en bonne forme, sans être forcément malades”. Et 1 Français sur 6 (17 %) absorbe des médicaments au moins une fois par semaine… qu’il soit ou non malade !

Information sur la nutrition : Internet ne cesse d’augmenter

3 personnes sur 4 estiment disposer de suffisamment d’informations pour gérer leur santé. S’agissant plus spécifiquement de la nutrition, elles sont encore plus nombreuses (83 %) à se déclarer bien ou très bien informées.

L’enquête confirme que la toute première source d’information sur la santé reste le médecin (81 % des interviewés le citent). Mais quand on évoque l’information sur la nutrition, le généraliste n’est plus mentionné que par 36 % des répondants : ces derniers sont deux fois plus nombreux (69 %) à citer les médias.

Par ailleurs, les campagnes grand public sur l’alimentation et la nutrition (comme le PNNS : Programme National Nutrition Santé) constituent une source d’information pour 30 % des individus enquêtés.

On notera que le recours à Internet ne cesse d’augmenter : qu’il s’agisse d’information sur la santé en général ou sur la nutrition en particulier, ce média est aujourd’hui une source beaucoup plus souvent citée que la télévision, la radio ou la presse écrite.

Savoir n’est pas toujours synonyme de faire

Deux Français sur 3 (65 %) considèrent que “surveiller et varier son alimentation” est un comportement qui “contribue beaucoup à préserver sa santé”. Mais ils ne sont que 40 % à appliquer personnellement cette règle d’hygiène de vie.

De la même façon, près de 60 % se déclarent convaincus de l’importance de pratiquer régulièrement un exercice physique… mais seuls 25 % mettent en accord leurs actes avec leurs propos.

Les sondés ont également été interrogés sur la mise en application de certaines recommandations du PNNS. Les résultats font apparaître que seuls 39 % déclarent appliquer “tous les jours ou presque ”la recommandation“ ne pas manger trop gras”. La proportion d’observants stricts est identique (38 %) en ce qui concerne le conseil “ne pas manger trop de sucres”. “Marcher 30 minutes” est pratiqué quotidiennement ou presque par 34 % et “manger cinq fruits et légumes par jour” par seulement 26 % des enquêtés. De plus, ces chiffres sont très probablement surévalués : beaucoup d’interviewés ont tendance, de façon plus ou moins consciente, à vouloir apparaître dans la norme.

L’intérêt de tels résultats réside surtout dans leur hiérarchisation : les recommandations générales et relatives (manger moins gras, moins sucré, moins salé) sont mieux observées – ou ressenties comme telles – que les recommandations qui proposent des objectifs chiffrés précis (30 minutes quotidiennes, 5 fruits et légumes par jour).

4 groupes d’attitudes vis-à-vis de la santé

Une typologie des comportements en matière de santé a été établie. Elle distingue quatre groupes.

Le premier profil (25 % des enquêtés) a été intitulé les “Classiques”. Il est composé de personnes qui s’impliquent fortement dans la gestion de leur santé : elles ont de celle-ci une vision globale (hygiène de vie) et sont sensibles à la notion de prévention : elles connaissent les facteurs de risque et font des efforts pour les maîtriser. Elles sont proches de la médecine “classique” et ne pratiquent quasiment jamais l’auto-médication. Les membres de ce premier groupe sont plus âgés que ceux des trois autres “types” et ont un niveau d’études plus élevé.

Les “Préventifs” (24 %) sont surtout des femmes. Eux aussi connaissent les facteurs-clés qui peuvent contribuer à les maintenir en bonne santé. Mais ils sont plus attirés par les médecines douces et limitent les médicaments lorsqu’ils sont malades. Ils privilégient les actions susceptibles de les garder en forme et de prévenir les pathologies : faire de l’exercice, manger plus équilibré, boire moins d’alcool, réduire son stress…

Les “Fatalistes” (22 %) sont, a contrario, peu sensibles à la notion de prévention et attendent d’être malades pour se soigner. Ils déclarent avoir conscience des facteurs de risques mais reconnaissent avoir du mal à adopter un mode de vie plus sain et une alimentation plus équilibrée. Ils sont plus jeunes et présentent un plus faible niveau d’études que les autres groupes.

Enfin, le groupe des “Insouciants” (29 %) est caractérisé par une sur-représentation d’hommes jeunes et de catégorie socio-professionnelle supérieure. Ce sont les plus détachés des problèmes de santé et des préoccupations d’hygiène de vie.

Eric Birlouez
Sociologue de l’agriculture et de l’alimentation, Paris, FRANCE
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