DIABÈTE DE TYPE 2 : LA PROGRESSION EST-ELLE INÉLUCTABLE ?

UNE ALIMENTATION PAUVRE EN LÉGUMES AUGMENTE LE RISQUE DE DIABÈTE

Des chercheurs, issus à la fois de l’Institut Allemand de Nutrition Humaine Potsdam-Rehbruecke, de l’école de Santé Publique de Harvard et de l’Hôpital Général du Massachusetts, ont constaté qu’une alimentation riche en boissons sucrées, céréales raffinées, boissons “light” et viandes transformées, mais pauvre en vin, café, légumes crucifères et légumes jaunes augmentait le risque de développer un diabète de type 2. Ces résultats ont été publiés dans l’édition de septembre 2005 du journal American Journal of Clinical Nutrition.

Une relation avec les marqueurs inflammatoires

Dans un premier temps, les auteurs ont comparé les habitudes alimentaires de 656 femmes diabétiques de type 2 et de 694 participantes contrôle en bonne santé, issues de l’étude “Nurses’ Health” de Harvard, chez lesquelles avaient été mesurés les niveaux sanguins de marqueurs inflammatoires (CRP – C réactive protéine). Ils ont constaté que les sujets présentant des niveaux élevés de marqueurs avaient une alimentation riche en boissons sucrées, céréales raffinées, boissons “light”, viandes transformées mais faible en vin, café, légumes crucifères et légumes jaunes. Ces habitudes alimentaires multiplient par trois le risque de développer un diabète de type 2 comparativement à celles qui ont les habitudes alimentaires inverses.

Un risque de diabète augmenté de près de 300 %

Pour confirmer ces données, les auteurs ont ensuite sélectionné plus de 35 000 participantes de l’étude “Nurses’ Health” et 89 000 de l’étude “Nurses’ Health II” qui avaient complété les questionnaires biannuels. Au cours des quatorze années de suivi de l’étude “Nurses’ Health” et des huit années de l’étude “Nurses’ Health II”, 1517 et 724 nouveaux cas de diabète de type 2 ont été respectivement diagnostiqués. Les constatations furent identiques : dans ces 2 populations, les femmes ayant l’alimentation précédemment décrite présentent un risque de diabète de type 2 accru respectivement de plus de 250 et 290 %.

Le poids de l’obésité

Un tel mode alimentaire prédit donc fortement le risque de diabète de type 2, indépendamment de l’IMC et d’autres facteurs de risque classiques de diabète. Il ressort que cette association peut être médiée, en partie, par des processus inflammatoires. En effet, les boissons sucrées, les céréales raffinées, le vin, le café et les légumes semblent liés à des marqueurs inflammatoires indépendants de l’IMC. En revanche, les boissons “light” ne le sont pas.

Reste à savoir si les femmes avaient consommé des boissons light en raison de leur IMC élevé ou si, à l’inverse, c’était la consommation de boisson “light” qui conduisait au gain de poids… En conséquence, il est difficile de savoir si l’association entre les boissons “light” et les marqueurs de l’inflammation peut être confondue par le facteur obésité…

Dans le collimateur : sucres, céréales raffinées et viandes transformées

En outre, l’association entre ces groupes d’aliments, le risque de diabète et les marqueurs inflammatoires a été confirmée par d’autres études. A la lumière de ces recherches antérieures, ce travail, suggère donc qu’une alimentation riche en boissons sucrées, céréales raffinées, viandes transformées et pauvre en boissons alcoolisées, café et légumes augmente le risque de développer un diabète de type 2.

D’après un article original de Matthias Schulze, Epidémiologiste
Institut Allemand de Nutrition Humaine, Département d’Epidemiologie, Nuthetal, Allemagne
Ces recherches ont bénéficié de bourses des Instituts Nationaux de la Santé et du Deutsche Krebshilfe.

Thierry Gibault
Nutritionniste, endocrinologue, Paris - FRANCE
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