Le marketing alimentaire à destination des enfants

Édito

Les réglementations modifient effectivement les comportements alimentaires

La recherche nous montre bien ce qui fait acheter des aliments aux enfants : les personnages de dessins animés, les célébrités, les publicités au cours de leurs émissions de télévision préférées, les jouets offerts dans les menus « Happy meal »… Chez les enfants, ce type de marketing suscite l’envie de posséder de tels produits, allant jusqu’à casser les pieds à leurs parents pour qu’ils le leur achètent et à faire une crise s’ils n’obtiennent pas satisfaction ! Ainsi, en faisant croire aux enfants qu’ils doivent absolument consommer ces produits, le marketing va à l’encontre de l’autorité parentale.

Face à ce constat, les autorités de santé publique cherchent à intervenir, en fonction de leurs mandats électoraux et de leurs attributions. Mais, malgré leur bonne volonté, les moyens de contrôler le marketing ciblant les enfants restent très limités. Les fabricants d’aliments et de boissons invoquent le premier l’amendement pour protéger leur « droit » au marketing de produits malsains aux enfants. Leur lobby a été suffisamment efficace pour bloquer une proposition de la commission Fédérale du Commerce : des standards nutritionnels volontaires, non contractuels, ont été insérés dans le marketing de produits alimentaires ciblant les enfants.

Ainsi, des chercheurs canadiens ont observé que les enfants avaient trois fois plus de probabilité de choisir des plats sains lorsqu’ils sont servis avec un jouet quand les plats habituels ne le sont pas. En matière de choix de repas chez l’enfant, c’est toujours le plat avec le jouet qui prime !

Une étude récente publiée dans la revue Pediatrics a comparé les taux d’obésité chez les enfants habitant des Etats avec et sans règlementation du type d’aliments vendus dans les écoles. Sans surprise, elle montre que la prévalence du surpoids est plus faible chez les enfants des Etats où les écoles ne vendent pas d’aliments malsains.

La revue Circulation vient de publier une revue de littérature de l’Association Américaine du Coeur sur les approches basées sur les preuves pour améliorer l’alimentation de la population. Sa conclusion: recommander des campagnes publicitaires intensives, des programmes d’éducation dans les magasins, des subventions pour les fruits et légumes, des taxes, des jardins scolaires, des programmes de bien être en milieu de travail et des restrictions du marketing ciblant les enfants.

Marion Nestle
Département de nutrition, d'études alimentaires et de santé publique, Université de New York - Etats-Unis
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