Obésité : le Sénat souligne l’urgence de lutter contre les environnements obésogènes et d’encourager les modes de vie sains dès le plus jeune âge

6 juillet 2022

Véritable épidémie mondiale, le surpoids touche, en France, un adulte sur deux et l’obésité près d’un sur cinq. Malgré les actions mises en place depuis les années 2000, la prévalence de ces pathologies ne diminue pas. Le mercredi 29 juin, la Commission des affaires sociales du Sénat a publié un rapport d’information sur la lutte contre l’obésité. Porteur de 19 propositions, ce rapport souligne l’importance de la prévention et l’urgence d’agir de manière systémique. Deux grands champs d’action sont pointés : lutter plus efficacement contre les environnements obésogènes et encourager les modes de vie sains, sans culpabiliser les individus. Aprifel se réjouit des recommandations portées par ce travail, plusieurs rejoignent des actions menées par l’association depuis plusieurs années.

En 40 ans, la part de personnes souffrant d’obésité dans le monde a été multipliée par trois (NCD Risk Factor Collaboration, 2016). Bien que la situation de la France ne soit pas aussi critique que celle de certains de ses voisins, elle n‘en demeure pas moins préoccupante.
De ce fait, un récent rapport porté par la Commission des Affaires sociales du Sénat s’est penché sur les moyens de lutte contre le surpoids et l’obésité. Ce travail souligne l’importance de lutter contre les environnements obésogènes en actionnant l’ensemble des leviers possibles : encadrement de la publicité, amélioration de l’information du consommateur, qualité de l’offre alimentaire, environnements favorisant l’activité physique etc. Un second volet de recommandations vise à mieux accompagner les individus, sans culpabilisation, par plus de prévention et une meilleure prise en charge.
Aprifel se réjouit des recommandations portées par ce travail, plusieurs rejoignent des actions menées par l’association depuis plusieurs années.

Les professionnels de santé, acteurs clés de la prévention

Les médecins et les professionnels de santé sont des acteurs clé de prévention, notamment grâce à leur relation privilégiée de confiance avec les patients. Comme le souligne le rapport sénatorial, la nutrition – élément clé de prévention – reste peu abordée par les médecins, en particulier, faute de formation initiale suffisamment approfondie.

Ainsi, le rapport d’information du sénat (proposition 3) invite à « revoir la place de la formation à la nutrition dans les études de santé, en particulier en rendant la formation spécialisée transversale « nutrition appliquée » plus accessible par les médecins généralistes »
A travers sa revue Equation nutrition et, plus particulièrement, depuis 2018, Aprifel accompagne les professionnels de santé au travers d’outils d’information pour eux et pour leurs patients. Ces outils partagent les consensus scientifiques relatifs à la santé et à l’alimentation et ont pour but de favoriser :

  • la prise de conscience de l’importance d’une alimentation saine pour la santé et de la valeur ajoutée apportée par le médecin dans le processus de transmission des messages de santé publique;
  • l’acquisition de connaissances et la capacité d’engager les patients dans la discussion sur une alimentation saine.

L’école comme lieu d’apprentissage multidisciplinaire pour développer des habitudes favorables à la santé

Le rapport sénatorial souligne également l’importance d’éduquer les enfants au goût et à l’alimentation dès le plus jeune âge et pointe le rôle de l’école. Ainsi, la proposition n°7 vise à « confier à l’éducation nationale la conception d’un module obligatoire au goût et à la pratique alimentaire ».
Depuis 2020, Aprifel travaille sur la question de l’éducation à la santé et à l’alimentation pour proposer aux enseignants des outils sur ces sujets. Selon un état des connaissances récent, les actions répétées, multidirectionnelles, impliquant les parents et travaillant sur le goût, le plaisir, et les approches pratiques et manuelles (cours de cuisine, jardinage, …) sont celles qui touchent plus les enfants. Cette analyse a également permis d’identifier les approches éducatives à privilégier :

  • Proposer une éducation sensorielle chez l’enfant qui permet d’aborder et d’exprimer les perceptions générées par l’acte alimentaire, et d’identifier la dimension symbolique de bien-être associée à certains aliments
  • Travailler sur l’alimentation en pleine conscience : apprentissage rapidement effectif chez les jeunes enfants
  • Éviter les messages purement normatifs qui peuvent se révéler contre-productifs
  • Éviter d’associer un argument santé à un aliment car cela peut créer un dégoût ou un rejet
  • Ne pas censurer le plaisir alimentaire et promouvoir la sensorialité

Fort de ces constats, le dispositif pédagogique « Les fruits et légumes au tableau ! » a été conçu par Réseau Canopé® avec le concours scientifique d’Aprifel. Il est déployé depuis la rentrée 2021 auprès de tous les enseignants et leurs élèves du CP au CM 2 (Cycle 2 et 3).

Le droit à une alimentation équilibrée pour tous

Comme l’indique le rapport, il existe un gradient social fort de l’obésité et des maladies liées à la nutrition. Ainsi, 75 % des enfants en surpoids ou obèses sont issus des catégories populaires et inactives.

Cette distribution sociale de la maladie s’explique par des facteurs économiques qui limitent l’accès à une alimentation saine, mais aussi par la dimension sociale de l’alimentation. Celle-ci compense affectivement les difficultés du quotidien, et correspond à d’autres représentations du corps que dans les milieux aisés.
Afin de permettre à chacun un accès à une alimentation saine, le rapport (proposition n°11) invite à « Expérimenter la distribution de chèques alimentation ciblés sur les ménages les plus précaires ».

Depuis 2007, réduire les inégalités sociales en matière de consommation de fruits et légumes est l’une des actions prioritaires pointées dans les conclusions de plusieurs conférences EGEA. Les résultats d’un des programmes les plus emblématiques, le WIC programme aux USA – sont mis en avant chaque année via la revue Equation Nutrition.

En 2015, associée à d’autres partenaires, Aprifel a également accompagné l’étude « Fruits et Légumes à la maison » en Seine St-Denis. L’étude a expérimenté des bons d’achats échangeables contre des fruits et légumes pendant un an. Un bon permettait d’acheter une portion quotidienne, soit 80 g de fruits et légumes pour chaque membre de la famille. A l’issue de l’expérimentation, le pourcentage de « petits consommateurs » parmi les enfants, a été réduit de manière significative : l’accessibilité et l’exposition ont donc permis une alimentation plus équilibrée.

L’activité physique : meilleure alliée d’une alimentation saine

Dernier volet de recommandation, la lutte contre la sédentarité et la promotion de l’activité physique. En effet, le surpoids et l’obésité résultent notamment d’un déséquilibre de la balance énergétique. Un apport excessif de calories et une dépense calorique insuffisante conduisent à une prise de poids excessive. Ainsi, aux côtés des actions visant à rendre l’environnement alimentaire plus sain, le rapport sénatorial préconise également (recommandation n°19) de « rendre accessible l’activité physique et sportive sur tout le territoire par des engagements au sein des contrats locaux de santé ».
Activité physique et alimentation sont deux leviers clés en termes de santé. Longtemps considérés de manière indépendante, ces deux volets semblent pourtant dialoguer, interagir et s’influencer l’un l’autre. Une édition d’Equation Nutrition a été consacrée à ce sujet.

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