Fruits et légumes, des bénéfices tous azimuts

Les anti-oxydants, un levier pour améliorer la fertilité féminine ?

Le stress oxydatif semble impliqué de nombreuses problématiques d’infertilité féminine. Une équipe indienne a récemment réalisé une revue des publications disponibles concernant l’efficacité de divers composés antioxydants naturels présents dans les fruits et légumes – vitamines, caroténoïdes et polyphénols – pour améliorer la fertilité féminine. D’après ce travail, les anti-oxydants naturels apportés par l’alimentation sont un levier intéressant vis-à-vis des situations d’infertilité liés au stress oxydatif, que ce soit en situation naturelle ou dans le cadre d’une aide à la procréation. Ce travail pourra servir de base à l’identification de nouvelles voies thérapeutiques.

L’infertilité est définie par l’impossibilité d’aboutir à une grossesse après un an ou plus de rapports sexuels réguliers non protégés. Cette situation concerne près de 50 millions de couples et 186 millions de personnes dans le monde (OMS, 2020).

Les causes d’infertilité sont multiples. Elles peuvent concerner tant dans le système reproducteur masculin que féminin et résultent notamment d’anomalies morphologiques ou hormonales. D’autre part, des facteurs environnementaux (polluants et toxines) et liés au mode de vie (tabagisme, consommation excessive d’alcool, obésité, augmentation de l’âge des parents…) peuvent avoir une incidence.

Le stress oxydatif, facteur commun à de nombreuses situations d’infertilité féminine

Chez la femme, le stress oxydatif est identifié comme l’un des médiateurs de l’infertilité.

La production d’espèces activées l’oxygène (ROS) est un mécanisme physiologique normal lié au métabolisme cellulaire. Ces substances jouent même un rôle essentiel de signalisation, notamment impliqué dans le processus reproductif et le développement embryo-placentaire (voir figure1). Cependant, la production de ces espèces activées de l’oxygène peut être accentué, notamment par des facteurs environnementaux et liés au mode de vie. Le stress oxydatif survient, alors, lorsque les capacités de défense de l’organisme contre les espèces activées de l’oxygène sont dépassées.

Ce stress oxydatif peut ainsi avoir des effets néfastes sur l’organisme. Il est notamment observé dans de nombreux troubles affectant les capacités reproductives féminines : endométriose, prééclampsie, syndrome des ovaires polykystiques, avortement spontané ou encore infertilité inexpliquée (Agarwal et al., 2006) .

De nombreux travaux de recherche identifient le stress oxydatif comme élément de la physiopathologie de l’infertilité féminine (Gupta et al., 2014; Agarwal et al., 2012).

Fig.1 Relations entre le stress oxydatif et le système reproducteur féminin (adaptée de la publication originale)

Alors que la prévalence de l’infertilité féminine augmente chaque année, une récente revue de la littérature (Bhardwaj, 2021) a examiné les données relatives à l’efficacité de divers composés antioxydants naturels – vitamines, caroténoïdes et polyphénols végétaux- pour améliorer la fertilité féminine. 327 articles ont été examinés afin de proposer un panorama des travaux existant à ce sujet (voir méthodologie). Ce travail pourra éclairer de futures recherches visant de développement de nouveaux traitements

Composés antioxydants présents dans les fruits et légumes

Un antioxydant est défini comme une molécule capable de neutraliser ou à inhiber les réactions des espèces activées de l’oxygène (radicaux libres) et donc à retarder ou à prévenir les dommages cellulaires. Les fruits et légumes contiennent naturellement des composés anti-oxydants pouvant être divisés en trois groupes.

Pour chaque composé les auteurs de la revue ont identifié les bénéfices spécifiques vis-à-vis de la reproduction :

1. Vitamines

  • La vitamine C – ou acide ascorbique- est couramment présente dans les fruits et légumes frais, en particulier dans les agrumes. L’acide ascorbique a trois fonctions naturelles principales d’intérêt spécifique pour la reproduction. Toutes trois reposent sur son pouvoir réducteur : il est nécessaire à la synthèse du collagène, à la synthèse des peptides et des hormones stéroïdes, et à la prévention de l’oxydation des molécules biologiques.
  • La vitamine E : Les aliments comme les légumes verts, l’huile végétale, les kiwis et les fruits à coque (amandes, noix, etc.) sont riches en vitamine E. Outre les diverses fonctions qu’elle remplit dans l’organisme, la vitamine E est principalement essentielle pour maintenir le potentiel normal de fertilité des espèces humaines et animales. En fait, elle a été reconnue pour la première fois comme le facteur alimentaire critique pour le potentiel reproductif des rats mâles et femelles (Evans et al., 1922; Putman et al., 1987).
  • La vitamine A : Les fruits et légumes, notamment de couleur jaune-orangée, fournissent à l’organisme un précurseur de vitamine A, le béta-carotène. La vitamine A joue un rôle important dans le système reproducteur féminin en intervenant dans la synthèse des hormones stéroïdes, la croissance folliculaire et le développement des ovocytes et de l’embryon (Gad et al., 2018).

2. Les caroténoïdes

Ces pigments sont naturellement présents dans les fruits et légumes rouges ou vert foncé et jaunes. Certains caroténoïdes (α- et β-carotène, β-cryptoxanthine) peuvent être convertis en vitamine A chez l’homme et contribuent ainsi à fournir cette vitamine essentielle à l’organisme.

Chez les femmes souffrant de prématurité spontanée des concentrations plus faibles de caroténoïdes dans le sérum ont été observées. A l’inverse, des concentrations sériques élevées d’α- et β-carotène, d’α- et β-cryptoxanthine et de lycopène réduisent le risque de naissance prématurée (Kramer et al., 2009).

La consommation d’un régime alimentaire contenant des fruits et légumes riches en caroténoïdes a également été documentée dans la prévention des naissances prématurées ((Englund-Ogge et al., 2014).

3. Les composés phénoliques / Polyphénols

Ces substances sont présentes dans divers aliments d’origine végétale tels que les légumes, les fruits, le chocolat, les noix, le vin, le thé et le café.

Les études relatives aux effets de la consommation de polyphénols alimentaires sur la santé reproductive humaine sont limitées et présentent des résultats contradictoires.

Toutefois, sur la base des preuves accumulées dans le cadre d’études in vitro et in vivo sur des animaux, ainsi que de quelques études sur l’homme dans divers contextes, certains chercheurs pensent que les polyphénols peuvent avoir des effets bénéfiques sur la reproduction humaine (Ly et al., 2015).

De nombreuses études menées chez l’animal et chez l’homme ont montré une diminution des niveaux des marqueurs du stress oxydatif après la consommation de légumes et de fruits ou de suppléments d’antioxydants.

D’autres études montrent qu’une faible consommation de sources d’antioxydants comme les fruits et les légumes chez les femmes semble augmenter leur risque d’endométriose, l’un des facteurs de l’infertilité féminine (Parazzini et al., 2004).

Selon les auteurs de ce travail, les résultats de cette revue de la littérature montrent que les anti-oxydants naturels apportés par l’alimentation sont un levier intéressant vis-à-vis des situations d’infertilité liés au stress oxydatif chez la femme, que ce soit en situation naturelle ou dans le cadre d’une aide médicale à la procréation. Ils pourraient ouvrir la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques. Cependant, des études dose-réponse de plus grande envergure réalisées chez l’homme seraient nécessaires pour aller plus loin et intégrer les composés antioxydants naturels dans la gestion clinique de l’infertilité féminine.

Messages clés
  • Les anti-oxydants naturels présents seuls ou en mélange dans les fruits et légumes ainsi que dans d’autres sources alimentaires améliorent les problèmes d’infertilité liés au stress oxydatif, que ce soit en situation naturelle ou dans le cadre d’une aide à la procréation
  • Bien que des apports optimaux en antioxydants naturels aient des effets favorables sur la fertilité, leur consommation excessive est susceptible d’avoir des effets néfastes sur la santé
Méthodologie

Basé sur : Bhardwaj JK, et al. Ameliorating Effects of Natural Antioxidant Compounds on Female Infertility: a Review. Reprod Sci. 2021 May;28(5):1227-1256.

Références
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