Fruits et légumes, des bénéfices tous azimuts

Légumes crucifères : quel potentiel des aliments riches en sulforaphane pour les patients souffrant d’insuffisance rénale chronique ?

Une récente revue de la littérature a examiné les bénéfices potentiels du sulforaphane – une molécule apportée par les légumes de la famille des crucifères – vis à vis de diverses maladies. Un focus particulier a été consacré à la prévention de l’insuffisance rénale chronique. Selon ce travail, le principal mode d’action du sulforaphane passe par son pouvoir anti-oxydant, notamment lié à l’activation du facteur de transcription Nrf2. Considérant les effets identifiés dans la littérature, le sulforaphane apparait comme un composé prometteur vis à vis de diverses maladies dont la pathogénèse implique l’inflammation et le stress oxydatif. Selon les auteurs, des études cliniques chez l’homme doivent être encouragées car il n’existe actuellement qu’un nombre limité d’études traitant de ce sujet.

De nombreuses études ont montré les bienfaits des légumes crucifères – choux, navets, roquette, brocoli etc – pour la santé. Ces aliments contiennent notamment des vitamines, des minéraux, mais également des métabolites secondaires comme des composés phénoliques et du sulforaphane

Les bénéfices du sulforaphane sur la santé ont été particulièrement étudiés dans le contexte du cancer et ses effets préventifs potentiels ont été examinés sur le diabète, les maladies cardiovasculaires et neurologiques (Bai et al. 2015 ; Klomparens E et al,. 2019). Ce composé présente de nombreux effets intéressants en termes de santé tels que des actions antimicrobiennes, antioxydantes, anti-inflammatoires, (Vanduchova ert al, 2019; Houghton et al.) anti-tumorales (Calcabrini et al, 2020) et un effet de modulateur épigénétique (Hyun et al, 2019).

Une récente revue de la littérature a examiné les bénéfices potentiels du sulforaphane (Cardozo, 2021) vis à vis de diverses pathologies, avec un focus spécifique sur l’insuffisance rénale chronique.

Sulforaphane, des effets bénéfiques vis à vis de l’inflammation, du microbiote et du vieillissement

Parmi les effets documentés du sulforaphane, ce composé est l’un des principaux activateurs du facteur de transcription Nrf2 qui neutralise les oxydants. L’inflammation et le stress oxydatif sont intrinsèquement impliqués dans la pathogenèse des maladies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires, l’hypertension, l’obésité, l’insuffisance rénale chronique, le diabète et le cancer. En conséquence, de nombreuses stratégies nutritionnelles impliquant la consommation de légumes crucifères ont été développées et appliquées pour réduire l’inflammation et le stress oxydatif, notamment dans le contexte des maladies cardiovasculaires et du cancer et améliorer la qualité de vie des personnes concernées.

L’influence du sulforaphane sur le microbiote a également été étudié. Les fibres alimentaires et les phytonutriments sont connus pour être des modulateurs essentiels du bon fonctionnement du microbiote intestinal.

D’après la littérature, la consommation de légumes crucifères peut modifier la composition du microbiote intestinal et entraîner la croissance de bactéries spécifiques qui augmentent la production de sulforaphane, car le microbiote intestinal métabolise le glucosinolate en sulforaphane. (Kaczmarek, 2019; Liu X et al., 2017).

Enfin, des preuves croissantes suggèrent que les isothiocyanates, y compris le sulforaphane, peuvent contrecarrer certains aspects du processus de vieillissement. Cet effet passerait par le biais d’une série de mécanismes sous-jacents, allant des voies dépendantes ou indépendantes de Nrf2, à la modification du paysage épigénétique du vieillissement. Étant donné le rôle de Nrf2 en tant qu’agent anti-âge et médiateur des processus de vieillissement, les auteurs indiquent qu’il est tentant de spéculer sur la capacité du sulforaphane à prévenir ou à atténuer la progression des maladies liées au vieillissement (Dai et al., 2020).

Insuffisance rénale chronique, des résultats prometteurs soulignant le besoin d’études cliniques

L’insuffisance rénale chronique est caractérisée par une inflammation, un stress oxydatif, une dysbiose intestinale, un dysfonctionnement mitochondrial et une machinerie épigénétique altérée. Ainsi, les personnes souffrant de cette pathologie pourraient constituer un groupe de patients idéal pour l’utilisation de l’alimentation comme nouvelle stratégie thérapeutique.

Bien qu’il n’y ait actuellement pas d’études cliniques démontrant un effet du sulforaphane dans l’insuffisance rénale chronique, les résultats d’études menées sur d’autres groupes de patients suggèrent que le sulforaphane pourrait être un traitement d’appoint prometteur. En particulier, il a déjà été démontré que le traitement au sulforaphane améliore la fonction rénale dans une série de modèles précliniques de lésions rénales.

Considérant les effets du sulforaphane mis en lumière dans cette revue de la littérature, les auteurs soulignent que des études cliniques menées auprès de patients atteints d’insuffisance rénale chronique et utilisant le sulforaphane devraient donc être encouragées afin de favoriser l’amélioration de la qualité de vie des patients.

De manière plus large, des études cliniques chez l’homme devraient être menées car il n’existe actuellement dans la littérature qu’un nombre limité d’études sur les effets préventifs du sulforaphane. (Mazarakis et al., 2020; Tan SM et al., 2014)

Les légumes crucifères, une source de sulforaphane
    Le sulforaphane est formé lorsque son précurseur, la glucoraphanine est transformé par une enzyme – la myrosinase – à la suite d’un dommage subi par la plante (par exemple, la mastication), permettant à l’enzyme et à son substrat de se combiner et de réagir.

    Les légumes crucifères tels que le brocoli, le chou-fleur, le chou kale et le chou sont riches en sulforaphane (Nakagawa et al., 2006). Les pousses de brocoli sont les produits qui contiennent la plus forte concentration de sulforaphane avec 1153 mg/100g de poids sec (le brocoli mature contient entre 44 et 171 mg/100 g de poids sec (voir figure 1).

Figure 1 : Concentration en glucosinolate dans les légumes crucifères frais (adapté de l’article original)

Basé sur: Cardozo LFMF, et al. Cruciferous vegetables: rationale for exploring potential salutary effects of sulforaphane-rich foods in patients with chronic kidney disease. Nutr Rev. 2021 Oct 11;79(11):1204-1224.

Messages clés
  • Le sulforaphane est un composé bioactif important présent dans les légumes crucifères (choux, navet, roquette etc.)
  • Selon une large revue de la littérature, le principal mode d’action du sulforaphane passe par son pouvoir anti-oxydant et par le fait qu’il active le facteur de transcription Nrf2 qui joue un rôle dans la réponse antioxydante
  • Le sulforaphane module le paysage épigénétique, protège contre les dommages mitochondriaux et aide à maintenir un microbiote sain. Tous ces effets suggèrent un rôle prometteur de cette substance vis à vis de diverses pathologies, dont l’insuffisance rénale chronique.
Méthodologie
Références
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