Fruits et légumes, des bénéfices tous azimuts

Maladies inflammatoires de l’intestin : la consommation de fibres alimentaires, de fruits, et de légumes jouerait un rôle protecteur

Les maladies chroniques inflammatoires de l’intestin (MICI) touchent un nombre croissant de personnes pesant lourdement sur la qualité de vie des malades et sur les systèmes de santé. Afin de clarifier le rôle des facteurs alimentaires – en particulier consommations de fibres, de fruits et de légumes – sur les risques de maladies chroniques inflammatoires de l’intestin, une récente méta-analyse a examiné la littérature existante. Ce travail confirme les travaux antérieurs et montre une réduction du risque de ces pathologies associée à la consommation de fibres, de fruits et de légumes.

La prévalence des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin – maladie de Crohn et rectocolite hémorragique – augmente dans le monde entier (voir encadré). Plus de 3 millions de personnes sont touchées en Europe et 1,5 million aux États-Unis (Park, 2014; Burisch, 2013).

Parmi les facteurs jouant un rôle important dans le développement de ces maladies ont été identifiés une altération du microbiote intestinal, la prise de contraceptifs oraux, la vie en milieu urbain et un mode de vie stressant. La contribution des facteurs alimentaires reste, elle, encore mal connue (Rampton, 2011). Cependant, les fibres alimentaires et leurs principales sources sont suspectées de diminuer le risque de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin en modulant le microbiote.

Plusieurs études prospectives ont, ainsi, été menées sur l’association entre la consommation de fibres alimentaires, de fruits et de légumes et les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Une récente méta-analyse (Milajerdi, 2021) a passé en revue les travaux disponibles sur cette question et confirme le rôle positif des fibres, des fruits et des légumes (voir méthodologie).

Fibres : une réduction de risque de maladie de Crohn et de MICI, mais pas de rectocolite hémorragique.

L’analyse statistique des données issues de 5 études montre une association inverse significative entre la consommation de fibres alimentaires et la maladie de Crohn. Selon la recherche d’association non linéaire, la réduction de risque de maladie de Crohn la plus élevée est observée pour une consommation de fibres supérieure à 22 g/jour.

Cette analyse montre également une réduction de 14 % du risque de maladie de Crohn pour une consommation 10 g de fibres/ jour supplémentaire (cf. tableau 1).

Au contraire, en ce qui concerne la rectocolite hémorragique, aucune association significative n’a été observée en combinant les données de 6 études de cohorte prospectives.

Enfin, pour les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin globalement, la combinaison des études sur la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique montre elle aussi, une association significative entre consommation de fibres alimentaires et diminution du risque.

Fruits et légumes : une diminution significative du risque de rectocolite hémorragique, de maladie de Crohn et de MICI

La combinaison des données de 4 études montre une association inverse significative entre la consommation de fruits et le risque de rectocolite hémorragique. Les individus ayant les consommations de fruits les plus élevée présentent ainsi un risque de rectocolite hémorragique réduit de 31% par rapport à ceux ayant les consommations les plus basses.

Pour les légumes, l’association était également significative, avec un risque de rectocolite hémorragique inférieur de 44 % chez les personnes ayant les consommations de légumes les plus élevées.

En ce qui concerne la maladie de Crohn, les associations étaient également significatives pour la consommation de fruits et de légumes. Les personnes ayant la plus grande consommation de fruits présentaient ainsi un risque plus faible de développer une maladie de Crohn par rapport à celles ayant la plus faible consommation. Une association significative a également été observée entre une consommation élevée de légumes et un risque réduit de maladie de Crohn sur la base des données de 3 études. Une portion supplémentaire de fruits et une portion supplémentaire de légumes par jour étaient respectivement associées à un risque réduit de 19 % et 11 % de maladie de Crohn selon une association non linéaire (cf. tableau 1).

Tableau 1 : Réduction du risque de maladie de Crohn liée à une consommation accrue de fibres, fruits et légumes

La combinaison des études sur la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique montre que les consommations de fruits et de légumes sont associées de manière significative à un risque réduit de MICI. Les personnes ayant les niveaux de consommation de légumes les plus élevées présentent notamment un risque de développement de MICI réduit de 46 % comparé aux personnes ayant les consommations les plus faibles.

Afin de confirmer et d’approfondir ces résultats, les auteurs recommandent la mise en place d’études prospectives et d’essais cliniques.

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin – MICI
    Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) regroupent la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique. Ces pathologies se caractérisent par une inflammation de la paroi d’une partie du tube digestif, due à une dérégulation du système immunitaire intestinal.

    L’origine de ces maladies semble résulter de la combinaison complexe de facteurs environnementaux, associés à des facteurs génétiques et immunitaires.
    Le plus souvent diagnostiquées entre 20 et 30 ans, ces maladies peuvent survenir à tout âge avec 15% des cas qui concernent des enfants.

    Leur fréquence est très variable d’un pays à l’autre, les incidences les plus importantes se trouvent dans les pays industrialisés, notamment en Europe du Nord-Ouest et aux Etats-Unis.

    En France, plus de 200 000 personnes souffraient en MICI en 2015, dont 55% de femmes.

Basé sur : Milajerdi A, et al. Association of Dietary Fiber, Fruit, and Vegetable Consumption with Risk of Inflammatory Bowel Disease: A Systematic Review and Meta-Analysis. Adv Nutr. 2021 Jun 1;12(3):735-743.

Messages clés
  • Une association significative a été observée entre la consommation de fibres alimentaires et un risque réduit de maladie de Crohn et de maladies chroniques de l’intestin mais pas de rectocolite hémorragique.
  • La consommation de fruits est significativement associée à une réduction du risque de rectocolite hémorragique, de maladie de Crohn et de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin.
  • La consommation de légumes était significativement associée à une réduction du risque de rectocolite hémorragique, de maladie de Crohn et de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin
  • D’autres études prospectives et essais cliniques sont nécessaires pour approfondir les connaissances sur ce sujet.
Méthodologie
Références
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