Fruits et légumes, des bénéfices tous azimuts

Édito

Les études se suivent et ne se ressemblent pas toujours. Voici trois cibles inhabituelles concernant les bénéfices santé de la consommation de fruits et légumes.

La première concerne les « MICIs » ou Maladies Inflammatoires Chroniques Intestinales, c’est-à-dire la maladie de Crohn et la rectocolite ulcéro-hémorragique ou RCUH. On n’en connait pas la cause, même si les mécanismes sont connus avec une forte composante inflammatoire pour ces deux pathologies. Une méta-analyse de 11 études, (6 études prospectives et 5 études cas-témoins) suggère que l’alimentation pourrait avoir un rôle déclenchant ou aggravant, voire favorisant. Cette étude a analysé le lien entre consommation de fibres alimentaires et de fruits et légumes, et ces pathologies. La consommation de fibres est associée à une petite diminution du risque de maladie de Crohn, la consommation de fruits et légumes à une diminution de la maladie de Crohn et de la RCUH. Ceci pourrait être lié soit aux effets anti-inflammatoires des fruits et légumes, soit à leur impact sur le microbiote, ou bien à un effet favorable du style alimentaire associé (moins de lipides, de sucres… ?). Mais, notamment dans les études cas-témoins, on ne peut exclure la causalité inverse car les patients porteurs d’une MICI réduisent leur consommation de végétaux lors des poussées.

La seconde étude concerne les aliments riches en sulforaphane, c’est-à-dire les choux ! Cette publication passe en revue les effets du sulforaphane sur l’inflammation, le stress oxydatif, la cancérogénèse, le microbiote, les processus de vieillissement… ce qui conduit les auteurs à penser que cette molécule, et donc les aliments qui en sont riches, pourraient être utiles dans l’insuffisance rénale chronique.

La troisième publication fait l’inventaire des nutriments candidats pour contribuer à la prévention de l’infertilité féminine, véritable problème de santé publique, qui semble s’accentuer soit en raison de l’avancée en âge des femmes désirant procréer, soit en raison de modifications défavorables des habitudes alimentaires de ces femmes ou du mode de vie de nos contemporaines (tabagisme…). Le stress oxydatif semble impliqué dans l’altération de la fertilité féminine (et masculine d’ailleurs…). Or, un grand nombre de nutriments à effet anti-oxydant, bien connus, sont présents dans les fruits et légumes (vitamines C, E, A, caroténoïdes, polyphénols…) et pourraient jouer un rôle positif pour la prévention de l’infertilité féminine. Les auteurs plébiscitent la réalisation d’études cliniques pour apporter des preuves à cette hypothèse. Dès maintenant, ils encouragent à apporter des anti-oxydants en cas d’infertilité. Par prudence, plutôt que de prôner les compléments alimentaires, il serait plus sûr de proposer des fruits et légumes.

Les fruits et légumes sont ainsi une valeur sûre pour un nombre croissant de bénéfices-santé.

Jean Michel Lecerf Docteur
Service Nutrition & Activité Physique, Centre Prévention Santé Longévité, Institut Pasteur de Lille
A propos de l’auteur

Le docteur Jean-Michel Lecerf est spécialiste en endocrinologie et maladies métaboliques. Il exerce comme clinicien au CHRU de Lille, en lipidologie, depuis plus de 30 ans. Il dirige par ailleurs le Service de Nutrition de l’Institut Pasteur de Lille depuis 1982, où il mène des travaux de recherche appliquée, de santé publique et d’enseignement dans le domaine de la nutrition. Il est l’auteur de très nombreuses publications scientifiques et d’une vingtaine d’ouvrages traitant de la nutrition, du cholestérol, de l’obésité, du diabète et du métabolisme.

Note de l’équipe Aprifel : également à découvrir dans ce numéro d’Equation Nutrition :
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