Déclin cognitif : les fruits et légumes auraient un rôle protecteur en agissant sur le volume de certaines structures du cerveau

Un nombre croissant d’études suggèrent qu’une consommation accrue de fruits et légumes est associée à une réduction du risque de troubles cognitifs et de démence. Toutefois, les données portant sur les mécanismes en jeu restent limitées. Récemment, une étude a exploré la relation entre la consommation de fruits et légumes et la modification de structures cérébrales chez des adultes sains. Les résultats suggèrent notamment que la consommation de légumes crus et de fruits frais influencent de manière spécifique les volumes cérébraux, notamment dans les substances blanche et grise du cerveau.

Les bénéfices de la consommation de fruits et légumes sur la santé et la prévention de maladies non transmissibles – maladies cardiovasculaires, diabète de type 2, certains cancers – sont largement reconnus. Un nombre croissant de travaux s’intéressent également au lien entre la consommation de fruits et les troubles mentaux tels que la dépression, l’anxiété et la démence.

Certaines données suggèrent notamment que la qualité de l’alimentation module la morphologie du cerveau, en particulier lors du vieillissement (Gu et al., 2015 ; Jackson et al., 2016). Toutefois, les mécanismes biologiques sous-jacents ne sont pas totalement élucidés à ce jour. Afin de fournir plus de preuves, une étude récente (Gaudio et al., 2023) a exploré la relation entre la consommation de fruits et légumes et les volumes cérébraux de 9925 adultes issus de la cohorte britannique UK Biobank.

Légumes crus : une association positive avec les volumes totaux de substance blanche

Les résultats montrent une association significativement positive entre la consommation de salade et de légumes crus et le volume total de substance blanche (voir encadré) dans les cerveaux des participants. Cette observation pourrait s’expliquer par la présence de nutriments spécifiques aux fruits et légumes, impliqués dans le développement et la santé cérébrale. En effet, d’autres travaux ont démontré qu’une consommation importante de fibres et d’antioxydants était directement corrélée au volume total du cerveau et à l’intégrité de la substance blanche (Prinelli et al., 2019).

La consommation de fruits frais a été quant à elle associée de manière négative au volume de matière grise totale. Ce résultat est toutefois à nuancer car les conclusions d’études précédentes suggèrent que la consommation de fruits et légumes exerce des effets positifs sur les volumes cérébraux (Croll et al., 2018 ; Prinelli et al., 2019). Aucune association n’a été établie entre la consommation de fruits secs et de légumes cuits et les volumes cérébraux.

La consommation de fruits frais entraînerait une augmentation du volume de matière grise dans des zones spécifiques du cerveau

Si l’association entre la consommation de fruits frais et le volume total de matière grise reste à démontrer, elle s’est toutefois montrée positive pour l’augmentation du volume de matière grise dans des zones spécifiques. En effet, des volumes plus importants ont été observés dans des régions impliquées dans la dépression et la démence telles que l’hippocampe et le carrefour temporo-pariétal.

Or, des études rapportent que l’augmentation du volume cérébral dans ces zones est associée à une amélioration des capacités fonctionnelles et à un ralentissement du déclin cognitif (Bolton et al., 2023).

Renforcer le déploiement de stratégies préventives visant à augmenter la consommation de fruits et légumes

Les conclusions de cette étude suggèrent que la consommation de fruits frais et de légumes crus pourrait contribuer au maintien des fonctions cognitives et à la protection contre la dépression et certaines maladies neurodégénératives. Face à ce constat, les auteurs invitent les autorités à s’emparer du sujet et à déployer des mesures préventives visant à augmenter la consommation de fruits et légumes.

Certains résultats méritent toutefois d’être validés par d’autres travaux, en particulier des études longitudinales, afin de mieux comprendre les effets de la consommation de fruits et légumes sur la santé cérébrale.

Basé sur : Gaudio S, et al. Higher fresh fruit intake relates to larger grey matter volumes in areas involved in dementia and depression: A UK Biobank study. Neuroimage. 2023 Dec 1;283:120438.