Fruits et légumes et santé mentale : un sujet de recherche émergent

Édito

L’Organisation Mondiale de la Santé définit la santé mentale comme un « état de bien-être mental qui permet aux individus d’affronter les sources de stress de la vie, de réaliser leur potentiel, de bien apprendre et de bien travailler, et de contribuer à la vie de la communauté » (OMS, 2022).

Le bien-être mental ne se limite pas à l’absence de troubles mentaux. Il implique de « se sentir bien » et de « bien fonctionner » et renvoie aux notions d’optimisme, de bonheur, d’estime de soi, de résilience, d’autonomie et de bonnes relations avec autrui. La promotion de la santé mentale fait notamment partie des objectifs de développement durable (Nations Unies).

Un nombre croissant de travaux s’intéressent aux associations entre les comportements alimentaires, de mouvement et la santé mentale. Cette édition d’Équation Nutrition présente trois articles explorant ces liens.

Le premier évalue la manière dont différents comportements de santé ou modes de vie affectent la santé mentale et les principaux marqueurs du vieillissement. Ce travail montre une association positive entre un mode de vie sain, le vieillissement biologique, ainsi que différentes dimensions de la santé mentale et du bien-être.

Le deuxième article rassemble les données de la littérature sur les liens entre la composition du microbiote intestinal et les troubles mentaux. Selon cette analyse, l’abondance de certains micro-organismes dans le microbiote – en particulier les Firmicutes et Bacteroidetes – est associée à plusieurs troubles mentaux tels que l’anxiété, la dépression et la schizophrénie. Cette revue explore également les effets de certains composés alimentaires sur la modulation du microbiome intestinal et, par conséquent, la santé mentale.

Le troisième article évalue l’effet de la consommation de fruits et légumes sur la structure du cerveau, en particulier sur les volumes de substances grise et blanche. D’après ce travail, la consommation de fruits et légumes est susceptible de moduler de manière spécifique les volumes cérébraux. En particulier, une consommation élevée de fruits frais est associée à des volumes plus importants de substance grise dans des zones telles que l’hippocampe et le cortex temporo-pariétal. L’augmentation du volume de matière grise dans ces zones est notamment associée à une amélioration des capacités fonctionnelles et à un ralentissement du déclin cognitif.

Ensemble, ces trois études confirment l’existence d’un lien évident entre les comportements de santé et la santé cérébrale et mentale à travers plusieurs mécanismes tels que le ralentissement du vieillissement biologique, la régulation du microbiote intestinal et la modulation des structures cérébrales.

Catherine Féart Docteur en sciences de l’alimentation et la nutrition
Centre de Recherche Bordeaux Population Health (BPH)
A propos de l’auteur

Les recherches de Catherine Féart portent depuis de nombreuses années sur la relation entre les comportements liés au mode de vie, en particulier les habitudes alimentaires, et le vieillissement cérébral. Lors de ses travaux, Dr. Féart a notamment observé qu’une plus grande adhésion au régime méditerranéen était associée à un ralentissement du déclin cognitif. Actuellement, elle développe ses recherches sur la santé mentale et a déjà démontré les potentiels bénéfices de certains polyphénols et caroténoïdes sur la prévention du risque de symptomatologie dépressive chez les personnes âgées.

Note de l’équipe Aprifel – Également à découvrir dans ce numéro
  • Notre infographie – Les fruits et légumes, sources de nutriments précieux pour la santé mentale
  • Notre avis d’expert – Alimentation et santé mentale : 2 questions à Guillaume Fond
  • 5 conseils pratiques pour prendre soin de sa santé mentale
  • 5 brèves issues de notre veille scientifique
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