Fruits et légumes : quelles interventions pour augmenter leur consommation chez les enfants ?

Finlande : une association positive entre le niveau d’éducation des parents et la consommation de fruits et légumes chez les enfants

Petite fille mangeant un fruit d'été

L’environnement alimentaire à domicile conditionne en grande partie l’alimentation des enfants. Afin de s’attaquer aux inégalités en la matière, il est important d’étudier l’ensemble des composantes de l’environnement alimentaire familial tant au plan social (modèle fourni par les parents) que physique (aliments disponibles). Une étude récente réalisée en Finlande montre une association positive entre un niveau d’éducation élevé chez les parents et la consommation de fruits et légumes chez les enfants. Cette association serait partiellement médiée par le modèle donné par les parents, ainsi que la disponibilité en fruits et légumes et produits sucrés à domicile.

L’influence du statut socioéconomique familial sur les comportements alimentaires des enfants est aujourd’hui bien documentée (Tarasuk et al, 2010 ; Rashid et al, 2018 ; Quezada-Sánchez et al, 2020 ; Boelens et al, 2022). De nombreuses études se sont également intéressées à l’effet médiateur (voir encadré) des variables psychosociales comme auto-efficacité, les attitudes ainsi que les connaissances des parents (Wyse et al, 2015) sur l’alimentation des enfants. Toutefois, un nombre limité de travaux a évalué le rôle médiateur de l’environnement alimentaire familial et se sont principalement concentrés sur des enfants âgés.

Afin de fournir plus de preuves, une étude récente (Serasinghe et al, 2023) a examiné les associations entre le niveau d’éducation des parents, le revenu familial et la consommation de fruits et légumes chez des enfants d’âge préscolaire en Finlande. Dans un second temps, cette étude a également exploré les rôles de médiation du modèle fourni par les parents et de la disponibilité des aliments à domicile sur la consommation de fruits et légumes.

Le niveau d’éducation des parents est un meilleur indicateur de la consommation de fruits et légumes des enfants que le revenu

D’après ce travail, le revenu familial n’est pas directement associé à la consommation de fruits et légumes des enfants. Ces résultats sont similaires à ceux obtenus lors d’analyses transversales menées en Finlande, au Royaume-Uni ainsi qu’en Australie (Ambrosini et al, 2009 ; Manyanga et al, 2017).
L’une des raisons susceptibles d’expliquer ces observations pourrait être la faible disparité de revenus dans la société finlandaise. Ainsi, en Finlande, le niveau d’éducation des parents est un meilleur indicateur de la consommation de fruits et légumes chez les enfants que le revenu familial. Plusieurs études portant sur les adultes ont notamment identifié ce facteur comme un indicateur de statut socio-économique plus prédictif des comportements alimentaires, y compris de la consommation de fruits et légumes, que le revenu et la profession (de Irala-Estévez et al, 2000 ; Groth et al, 2001 ; Roos et al, 2007).
En outre, le revenu ne reflète pas toujours la part allouée aux dépenses alimentaires. Les foyers disposant de revenus élevés ne donnent pas forcément la priorité à une alimentation saine en raison d’autres dépenses notamment.
Enfin, les personnes ayant un niveau d’éducation élevé sont généralement considérées comme mieux informées. Ainsi, disposer des connaissances sur ce qu’est un régime alimentaire sain serait plus déterminant que le revenu pour augmenter la consommation de fruits et légumes (Parmentier et al, 2000).

Le modèle des parents comme médiateur des associations entre les facteurs socio-économiques et les comportements alimentaires des enfants

De nombreuses études suggèrent que le rôle de modèle joué par les parents est un médiateur des associations entre les facteurs socio-économiques – tels que le niveau d’éducation et la profession des parents – et la consommation de fruits et légumes des enfants (Rodenburg et al, 2012 ; van Ansem et al, 2014 ; Lioret et al, 2015). Une revue systématique a également démontré que le modèle des parents était un médiateur récurrent des inégalités socioéconomiques dans la consommation de fruits et légumes au cours de l’enfance (Mekonnen et al, 2020).
Toutefois, aucun de ces travaux ne s’est concentré sur les enfants d’âge préscolaire. Cette étude confirme ainsi l’importance du rôle médiateur du modèle parental et ce, tout au long de l’enfance.

La disponibilité d’aliments de faible qualité nutritionnelle exerce une influence plus importante que celle des fruits et légumes

De la même façon, ce travail montre que la disponibilité des fruits et légumes servirait également de médiateur des associations entre les indicateurs socio-économiques et la consommation de fruits et légumes. Ces observations sont cohérentes avec celles rapportées par plusieurs études portant sur des enfants de 11 ans et des adolescents (Ball et al, 2009 ; van Ansem et al, 2014 ; Lehto et al, 2015). Une revue systématique a également conclu que la disponibilité des fruits et légumes était un médiateur constant des inégalités socioéconomiques dans la consommation de fruits et légumes au cours de l’enfance (Mekonnen et al, 2020).
A l’inverse, cette étude montre que la disponibilité d’aliments et de boissons sucrées exerce une influence négative sur l’association entre le niveau d’éducation des parents et la consommation de fruits et légumes chez les enfants. Cela va dans le sens d’une étude récente qui conclue qu’une réduction de la disponibilité d’aliments de faible qualité nutritionnelle à la maison, tels que les produits sucrés, améliorait plus efficacement les comportements alimentaires chez les enfants d’âge scolaire que l’augmentation de la disponibilité des fruits et légumes (Pereira et al, 2021).
Ces observations pourraient s’expliquer par le fait qu’une plus grande disponibilité de produits sucrés entraîne leur consommation plus importante durant et entre les repas, réduisant ainsi la quantité de fruits et légumes consommée. Une faible disponibilité de produits sucrés pourrait également indiquer d’une plus grande appétence pour les fruits et légumes.

Basé sur : Serasinghe, N. et al. Associations between socioeconomic status, home food availability, parental role-modeling, and children’s fruit and vegetable consumption: a mediation analysis. BMC Public Health 23, 1037 (2023). 

Analyse de médiation

L’analyse de médiation causale est une méthode statistique permettant d’étudier les mécanismes définissant les relations entre trois entités :

  • La première est une cause – ou variable indépendante ;
  • La deuxième est un effet – ou variable de réponse/indépendante ;
  • La troisième est un ensemble de variables intermédiaires, appelées médiateurs permettant d’indiquer comment ou pourquoi cet effet se produit.
  • Cette approche est fréquemment utilisée dans différents domaines tels que les biostatistiques, l’épidémiologie ainsi que les sciences sociales (Baron et al, 1986). Par exemple, la qualité du sommeil (variable indépendante) peut influer sur les résultats scolaires (variable dépendante) par l’intermédiaire de la vigilance (variable médiatrice). L’analyse de médiation peut être utilisée en recherche pour aller au-delà de l’étude d’une simple relation entre deux variables (Gunzler et al, 2013).

    Méthodologie
    Messages clés
    • Le niveau d’éducation des parents est un meilleur prédicteur de la consommation de fruits et légumes chez les enfants que le revenu familial en Finlande.
    • Le modèle parental a été identifié comme un médiateur de l’association entre le niveau d’éducation des parents et la consommation de fruits et légumes chez les enfants.
    • La réduction de la disponibilité d’aliments de faible qualité nutritionnelle à la maison améliore les comportements alimentaires chez les enfants d’âge scolaire.
    Références
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