Fruits et légumes : quelles interventions pour augmenter leur consommation chez les enfants ?

Édito

Si les bienfaits des fruits et légumes pour la santé des enfants sont aujourd’hui bien établis, la consommation de ces aliments reste insuffisante au sein de cette population. Afin d’y palier, un nombre croissant d’interventions destinées aux enfants sont élaborées. En effet, cette période de la vie constitue un moment optimal pour mettre en place des interventions nutritionnelles.

La littérature en la matière est riche et concerne des contextes, des modalités et groupes d’âge variés. Son analyse permet d’identifier des pistes d’action. Ce numéro d’Équation Nutrition présente trois articles examinant les interventions susceptibles d’augmenter efficacement la consommation de fruits et légumes chez les enfants.

Le premier article est une revue rassemblant les stratégies les plus efficaces pour améliorer la consommation de fruits et légumes et les connaissances nutritionnelles d’enfants âgés de 4 à 12 ans. D’après ce travail, la distribution de fruits et légumes à l’école est la stratégie la plus efficace pour augmenter la consommation de fruits chez les enfants, tandis que les jeux et activités en ligne (challenges pour consommer plus de fruits et légumes, séances de cuisine virtuelle…) permettraient d’augmenter la consommation de légumes. Ce travail confirme un résultat généralement observé : la mise en œuvre simultanée de plusieurs interventions permet d’obtenir de meilleurs résultats que les stratégies isolées.

La deuxième revue a recensé les essais contrôlés randomisés évaluant les interventions en milieu familial ou scolaire pour augmenter la consommation de fruits et/ou de légumes chez des enfants américains âgés de 2 à 5 ans. D’après cette revue, inclure des modules d’éducation nutritionnelle, s’ils sont interactifs, aux programmes scolaires est systématiquement efficace pour améliorer la consommation de fruits et légumes. A l’inverse, agir uniquement sur l’environnement alimentaire sans éducation nutritionnelle préalable – conduit à des résultats contradictoires.

Enfin, le troisième article a examiné les associations entre le statut socioéconomique de la famille et la consommation de fruits et légumes chez des enfants finlandais âgés de 3 à 6 ans. Cette étude a évalué le rôle médiateur du modèle parental et de la disponibilité des aliments dans les associations étudiées. Les résultats montrent que le niveau d’éducation des parents est un meilleur prédicteur de la consommation de fruits et légumes des enfants que le revenu familial. Cette association est notamment influencée par le modèle parental, une plus grande disponibilité de fruits et légumes et à une moindre disponibilité d’aliments et de boissons sucrés à la maison.

Ces trois articles montrent ainsi qu’il existe un large éventail d’interventions pour promouvoir la consommation de fruits et légumes chez les enfants et que leur efficacité varie en fonction de plusieurs paramètres comme l’âge, l’environnement alimentaire et les pratiques parentales. Ces travaux insistent également sur le fait qu’il n’existe pas d’approche unique pour augmenter la consommation de ces aliments, mais bien plusieurs stratégies qui doivent être adaptées au contexte local.

Sophie Nicklaus Directrice de recherche – Inrae, Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation – Dijon
A propos de l’auteur

Sophie Nicklaus dirige depuis 2017 l’équipe “Déterminants du comportement alimentaire au cours de la vie, relations avec la santé” au sein du centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation à Dijon.

Au cours de sa formation d’ingénieur agronome (AgroParisTech), elle s’est intéressée aux qualités sensorielles et nutritionnelles des aliments et à leurs déterminants. Depuis sa thèse à l’Université de Bourgogne, elle étudie le comportement alimentaire des enfants pour évaluer l’effet des propriétés des aliments dans le développement et l’évolution des préférences alimentaires et de la consommation chez les enfants. Elle s’intéresse particulièrement à l’impact des expériences alimentaires précoces sur le comportement alimentaire ultérieur et à leur contribution à la santé. Elle collabore actuellement avec les autorités de santé publique en France pour élaborer et évaluer des recommandations actualisées sur l’alimentation des nourrissons.

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