Le programme WIC : près de 50 ans d’action au service de la santé des familles les plus modestes

Consommation de fruits et légumes : identifier les freins et leviers spécifiques aux populations défavorisées pour améliorer les dispositifs d’aide alimentaire

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Aux Etats-Unis, une faible minorité d’adultes et d’enfants respectent les recommandations de consommation de fruits et légumes. Il existe notamment de grandes disparités de consommation selon des facteurs socio-économiques (insécurité alimentaire, revenus, niveau d’éducation, genre, âge, origine ethnique). Afin de guider l’élaboration de politiques de santé publique efficaces et équitables, une étude récente a cherché à identifier les freins et leviers selon l’origine ethnique des personnes. Ce travail ouvre la voie à des actions plus spécialisées selon les besoins de chaque groupe de population

Bien que les bénéfices des fruits et légumes pour la santé soient largement établis, les consommations aux Etats-Unis ne cessent de diminuer. Ainsi, seuls 10% des adultes et 2% des enfants mangent suffisamment de légumes. Pour les fruits, 2,3% des adultes et 7% des enfants respectent les recommandations (Lee et al, 2022). D’autre part, malgré les politiques de santé publique mises en place, de grandes disparités existent, avec des consommations de fruits et légumes particulièrement faibles pour les populations défavorisées.

Afin d’identifier les freins et leviers de consommation spécifiques à ces populations, une étude (Hollis-Hansen, 2022), réalisée dans le centre du Texas, a suivi et interrogé des individus issus de diverses communautés ethniques (voir méthodologie).

Figure 1 : caractéristiques des personnes ayant répondu à l’enquête

Manque de temps, participation au programme WIC et origine ethnique influencent le niveau de consommation

Selon ce travail, le manque de temps est le seul obstacle psycho-social associé à une faible consommation de fruits et légumes. Les autres freins perçus – difficulté de préparation et/ou d‘utilisation de produits frais avant leur péremption -, ainsi que les différences dans les préférences alimentaires au sein du foyer ne sont pas significativement associés à une consommation réduite de fruits et légumes.

Concernant les leviers, ce travail a montré que l’appréciation des fruits et légumes, l’origine hispanique, ainsi que la participation au programme WIC sont des facteurs prédictifs d’une consommation accrue de fruits et légumes.

En revanche, être bénéficiaire du programme SNAP ou des actions des banques alimentaires n’est pas significativement associé à une consommation plus élevée.

Penser les actions de prévention et d’aide alimentaire selon les freins spécifiques à chaque groupe de population

Selon cette étude, certains groupes de population expriment davantage de difficultés à consommer des fruits et légumes. Ainsi les participants d’origine caucasienne et d’autres origines sont plus susceptibles d’évoquer comme difficulté le manque de temps pour la préparation des fruits et légumes que les personnes d’origine hispanique. De même, les participants d’origine afro-américaine, caucasienne et ceux d’autres ethnies rencontrent plus de difficultés à utiliser les fruits et légumes avant qu’ils ne se dégradent.

Afin de réduire ces disparités, les auteurs suggèrent, ainsi, d’adapter les politiques de santé publique et d’aide alimentaire afin de lever les freins spécifiques à chaque groupe de population. Au-delà de la prise en compte de ces spécificités, les auteurs soulignent l’importance d’inclure des actions destinées à d’accroître les préférences et l’appétence pour les fruits et les légumes – ateliers culinaires, dégustations, exposition répétée –, le fait d’aimer les fruits et légumes étant le facteur prédictif de consommation le plus important identifié dans ce travail. Enfin, ils pointent la pertinence des interventions multi-composantes dont l’efficacité a été démontrée (Appleton et al., 2016) pour atténuer les obstacles et faciliter la consommation des fruits et légumes.

Méthodologie
Messages clés
  • Selon ce travail, apprécier les fruits et légumes est le facteur prédictif le plus important de leur consommation ; être d’origine hispanique et participer au programme WIC sont également associés à une consommation accrue
  • Le manque de temps est le seul facteur psycho-social associé à une faible consommation
  • Certains groupes ethniques expriment davantage de difficultés à consommer des fruits et légumes
  • Des politiques et des interventions de santé publique tenant compte des freins spécifiques à chaque groupe sont nécessaires pour augmenter la consommation de fruits et légumes en travaillant sur des moyens permettant d’alléger la contrainte de temps, de renforcer l’appréciation des fruits et légumes et de faciliter la participation des personnes éligibles au programme WIC.

Basé sur : Hollis-Hansen K, Janda KM, Tiscareño M, Filipowicz C, van den Berg A. Objective and perceived barriers and facilitators of daily fruit and vegetable consumption among under-resourced communities in Central Texas. Appetite. 2022 Sep 1;176:106130.

Références
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