Les fruits et légumes ne cessent de nous surprendre !

Réduire le gaspillage alimentaire : nécessité ou évidence ? – 1ÈRE PARTIE –

Si le gaspillage alimentaire a toujours existé, la prise de conscience de ses impacts oriente désormais de plus en plus les actions volontaires, comme les politiques publiques, en France et ailleurs.

Le comité consommateurs d’Aprifel a voulu en savoir plus sur les enjeux de cette question de société. Pour ce faire, ce comité a invité de nombreux chercheurs et experts afin de partager leurs expériences en France et en Europe, sur la thématique du gaspillage alimentaire. Cette démarche de concertation a été complétée par des échanges avec les acteurs professionnels de la filière fruits et légumes.

La prise de conscience publique du gaspillage alimentaire est relativement récente. Les premières politiques publiques à l’initiative des Ministères de l’agriculture et de l’environnement ne datent que de quelques années. Ainsi le Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire a été lancé en 2013 avec un objectif ambitieux : diminuer par 50% le gaspillage en France d’ici à 2025.  Seul problème de taille : il n’y a pas de référence fiable de départ. Par ailleurs, l’année 2014 a été désignée comme « l’année européenne de lutte contre le gaspillage alimentaire », d’où la multiplicité des initiatives, conduites majoritairement au niveau local.

Selon un sondage TNS Sofres réalisé en 2012, si une très grande majorité des Français a bien conscience du gaspillage, beaucoup moins y contribuent personnellement. En clair, le gaspillage ce serait plutôt l’affaire… des autres ! Une proportion importante des sondés estime être en dessous de la moyenne et avoir adopté les comportements d’économie adéquats pour réduire ce gaspillage. Ce dernier serait apparemment plus répandu chez les jeunes, les grandes familles et les catégories aisées. Du fait de leur caractère périssable, les fruits et légumes sont, avec le pain, les produits les plus jetés souvent pour des problèmes de conservation. A l’opposé, les produits les moins sensibles sont les produits secs, les conserves ou les boissons. L’argument économique (« ne pas jeter l’argent par les fenêtres ») semble être le plus à même de sensibiliser les consommateurs, devant l’argument éthique. A l’inverse, l’impact sur l’environnement semble peu convaincant pour les sondés.

Difficile à évaluer

La France a défini le gaspillage alimentaire comme « toute nourriture destinée à la consommation humaine qui, à une étape de la chaîne alimentaire, est perdue, rejetée ou dégradée ». Pour autant l’évaluation du gaspillage ne fait pas encore l’unanimité. Les estimations varient même sensiblement selon les définitions, les pays et les produits, et ce, à tous les stades de la filière. Ainsi, les estimations de sources de gaspillage alimentaire varient de près de 180 kg en moyenne dans l’Union Européenne à des quantités évaluées entre 80 et 100 kg par habitant et par an (sources : ADEME, Albal). Une proportion non négligeable du gaspillage se présente sous forme emballée, une pratique plus développée dans certains pays anglo-saxons.

Les différents auteurs divergent également sur la proportion qui serait facilement évitable (entre le tiers et les deux-tiers selon les pays). A l’avenir, il sera donc nécessaire d’harmoniser le vocabulaire entre: les pertes évitables ou non, la casse, le gaspillage ou encore les bio-déchets…C’est l’un des objectifs du projet européen de recherche intitulé FUSION financé par la DG Recherche et Innovation. De même un projet national (projet Casdar D2Biofruits) vise à quantifier les pertes aux différents stades des filières sur 4 fruits et à évaluer les techniques correctives.

Un pacte national – www.gaspillagealimentaire.fr

Le pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire comprend une dizaine de mesures, centrées sur la sensibilisation des acteurs (consommateurs compris), la formation – notamment dans les établissements scolaires – et surtout la communication à travers des évènements (journée nationale « Anti Gaspi ») ou des expérimentations avec des citoyens. Dans le même temps, des mesures ont été prises pour introduire des clauses spécifiques dans les marchés publics, encourager les dons alimentaires ou faire évoluer les pratiques d’étiquetage. Outre l’Etat, les différents professionnels -producteurs, IAA, marchés de gros, distributeurs, se sont également engagés aux côtés des collectivités locales pour réduire ces différentes formes de gaspillage à travers des actions spécifiques ou plus globales, voire de dons (ex. : association SOLAAL) en partenariat avec les associations caritatives. C’est le cas des démarches de développement durable centrées sur l’économie de ressources ou la réduction des déchets ou de responsabilité sociétale des entreprises, type RSE. De son côté, l’ADEME a initié dès 2011 des programmes de réduction des déchets, dont les déchets domestiques et alimentaires, et plus largement les bio déchets, dans le cadre d’une stratégie « d’alimentation durable ».

A suivre…

Rémi Mer
Journaliste - FRANCE
Retour