Santé osseuse : misez sur une alimentation saine

Les habitudes alimentaires ont-elles une influence sur la solidité des os chez les enfants ?

Deux petits garçons croquant dans des légumes

| Lauren M. Coheley
Département de Nutrition, Université de Texas, Etats-Unis

À ce jour, la plupart des études concernant les effets des habitudes alimentaires sur les os sont de nature transversale et ciblent les populations adultes, plutôt que les enfants et les adolescents. Pourtant, la formation d’os sains durant l’enfance est un préalable essentiel à santé osseuse à l’âge adulte. Afin de mieux comprendre le rôle des habitudes alimentaires dans la santé osseuse chez l’enfant, une récente revue de la littérature a analysé les connaissances disponibles. Selon ce travail, les régimes alimentaires caractérisées par une consommation élevée de fruits et légumes (alimentation méditerranéenne, régime DASH, etc.) seraient bénéfiques pour la santé osseuse des enfants.

Les recherches concernant les facteurs nutritionnels déterminants la santé osseuse chez l’enfant portent principalement sur le rôle des micronutriments individuels (par exemple, la vitamine D et le calcium). Étant donné que les nutriments ne sont pas consommés isolément, mais plutôt de manière combinée, l’analyse des habitudes alimentaires s’est imposée comme une approche alternative et complémentaire pour étudier les effets globaux de l’alimentation sur la santé osseuse. En effet, les habitudes alimentaires offrent une image plus large de la consommation et pourraient donc être associées à des effets plus significatifs sur la santé osseuse (Hu, 2002).
Afin de mieux comprendre le rôle des habitudes alimentaires dans la santé osseuse chez l’enfant, une récente revue de la littérature a analysé les connaissances disponibles (Coheley, 2021) (voir ci-dessous l’encadré « Méthodologie »).

Le développement osseux de l’enfant fondement de la santé du squelette adulte

Une masse osseuse faible est un facteur déterminant dans le risque d’ostéoporose à l’âge adulte. Elle peut être due à l’incapacité d’atteindre un pic de masse osseuse optimal pendant l’enfance ou à l’incapacité de ralentir la perte osseuse à l’âge adulte. (Ferrari, 1998). L’adolescence est une période critique du développement osseux, puisqu’environ 90% de la masse osseuse définitive sont acquis au cours des 18 premières années (Hansen, 1991). Cette période de croissance rapide est importante étant donné que le capital osseux se transmet de l’enfance à l’âge adulte (Kalkwarf, 2010). La santé osseuse pendant l’enfance est donc fondamentale pour la santé du squelette à l’âge adulte. En outre, comme les habitudes de vie pendant la jeunesse sont responsables de 20 à 40%, de la constitution de la masse osseuse adulte. Optimiser durant l’enfance et l’adolescence les facteurs influant sur la masse et la solidité osseuses est une stratégie importante pour réduire l’ostéoporose ou le déficit de masse osseuse plus tard dans la vie (Weaver, 2016).

Des habitudes alimentaires saines peuvent diminuer le risque de faible densité minérale osseuse chez l’enfant et l’adolescent

Une récente étude systématique montre qu’un régime alimentaire sain, privilégiant la consommation de fruits, de légumes, de céréales complètes, de produits laitiers à faible teneur en matières grasses, de poisson, de noix et de légumineuses, peut réduire le risque de faible densité minérale osseuse totale chez les enfants et les adolescents (Movassagh, 2017).
Seules deux études ont examiné l’influence des habitudes alimentaires, selon une évaluation a priori (voir méthodologie), sur la santé osseuse. L’une d’elles observe qu’un régime alimentaire méditerranéen, associé à une consommation élevée de fruits frais, légumes, céréales complètes, haricots, graines, noix et graisses saines, augmente la densité minérale osseuse au niveau du radius chez les adolescents (âge moyen : 13 ans), mais la tendance n’est pas significative (Monjardino, 2014). L’autre étude montre que le suivi d’un régime alimentaire méditerranéen chez les adolescents (11-14 ans) augmente le biomarqueur de la résorption osseuse, la désoxypyridinoline urinaire, et améliore l’absorption du calcium.

Corrélation entre un régime végétarien et la santé osseuse chez l’adolescent et le jeune adulte

Une étude prospective montre que le suivi d’un régime végétarien caractérisé par une consommation accrue de fruits (et de jus de fruits purs), de légumes vert foncé, de légumineuses, de noix et de graines, d’œufs et de lait à faible teneur en matières grasses pendant l’adolescence augmente le contenu minéral osseux total et la densité osseuse. Les participants les plus assidus au régime végétarien pendant l’adolescence présentaient également un contenu minéral osseux et une densité osseuse plus élevés au niveau du col du fémur et de l’ensemble du squelette, au début de l’âge adulte, soit 15 ans plus tard en moyenne.

Les études futures pourraient envisager des interventions avec une approche « a priori  » sur les habitudes alimentaires afin de mieux comprendre la relation entre l’alimentation et la santé osseuse des enfants.

Méthodologie :

  • Il existe deux méthodes principales en termes d’évaluation de l’alimentation :
  • L’approche a posteriori fait appel à des méthodes statistiques telles que l’analyse factorielle, l’analyse par grappes et la régression à rangs réduits pour dériver des modèles alimentaires à partir des données collectées.
  • L’approche a priori utilise des indices alimentaires établis sur la base des connaissances nutritionnelles existantes et évalue généralement le respect des recommandations alimentaires.
  • Cet article se réfère aux données des modèles alimentaires basés sur des méthodes a posteriori et a priori, le régime méditerranéen, le régime DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension), l’indice HEI (Healthy Eating Index), et le régime occidental.
Article basé sur : Coheley LM and Lewis RD. Dietary Patterns and Pediatric Bone. Current Osteoporosis Reports.2021;19:107–114.
  • Hu FB. Dietary pattern analysis: a new direction in nutritional epidemiology. Curr Opin Lipidol. 2002;13(1):3– 9.
  • Ferrari S, et al. Familial resemblance for bone mineral mass is expressed before puberty. J Clin Endocrinol Metab. 1998;83(2):358– 61.
  • Hansen MA, et al. Role of peak bone mass and bone loss in postmenopausal osteoporosis: 12 year study. BMJ. 1991;303(6808):961– 4.
  • Movassagh EZ, Vatanparast H. Current Evidence on the Association of Dietary Patterns and Bone Health: A Scoping Review. Advances in Nutrition 2017;8(1):1–16.
  • Monjardino T, et al. Associations between a priori-defined dietary patterns and longitudinal changes in bone mineral density in adolescents. Public Health Nutr. 2014;17(1):195– 205.
  • Seiquer I, et al. A Mediterranean dietary style improves calcium utilization in healthy male adolescents. J Am Coll Nutr. 2008;27(4):454– 62.
  • Movassagh EZ, et al. Vegetarian-style dietary pattern during adolescence has long-term positive impact on bone from adolescence to young adulthood: a longitudinal study Nutr Rev. 2018; 17(1): 36.
  • Kalkwarf HJ, et al. Tracking of bone mass and density during childhood and adolescence J Clin Endocrinol Metab 2010;95(4):1690-8.
  • Weaver CM, et al. The National Osteoporosis Foundation’s position statement on peak bone mass development and lifestyle factors: a systematic review and implementation recommendations. Osteoporos Int. 2016 Apr;27(4):1281-1386
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