Pratiques parentales d'alimentation et comportements alimentaires des enfants

Adolescence : allier exemplarité, soutien et disponibilité de fruits et légumes à la maison pour encourager les consommations

L’adolescence est une période durant laquelle les enfants prennent de plus en plus de décisions seuls. En matière d’alimentation cela peut se traduire par une dégradation des habitudes alimentaires. En tant que parent ou éducateur, comment accompagner au mieux cette période ? Une récente étude américaine apporte des éléments de réponse. Ce travail a recueilli les pratiques de plus de 1600 parents et mis en parallèle les consommations des fruits et légumes de leurs enfants. Il montre que les pratiques parentales associant disponibilité de fruits et légumes à la maison, exemple donné par les parents et encouragement semblent les plus efficaces. A l’inverse, les consommations les plus faibles sont observées lorsque les parents déclarent mettre peu ou pas de pratiques en place.

De multiples facteurs influencent les comportements alimentaires des enfants. Les pratiques alimentaires des parents sont, ainsi, identifiées comme l’un des déterminants des préférences alimentaires des enfants, de leurs habitudes de consommation et d’autorégulation vis-à-vis de l’alimentation, mais également de leur statut pondéral (Scaglioni, 2018). Des travaux précédents ont proposé trois styles de pratiques alimentaires parentales comme grille de lecture des recherches futures sur ces sujets : contrôle coercitif ; pratiques structurantes et soutien à l’autonomie (Vaughn, 2016).

Les pratiques structurantes et le soutien à l’autonomie sont les styles généralement associés à des comportements alimentaires sains chez les enfants, tandis que le contrôle coercitif est associé à des impacts négatifs.

Les parents combinent généralement plusieurs types de pratiques, au contraire certains n’en utilisent que très peu

Une étude récente réalisée aux Etats-Unis (Thompshon, 2020) a examiné l’influence des pratiques alimentaires parentales sur les consommations des fruits et légumes des adolescents (12-17 ans). Une approche dyadique – au niveau de binômes entre un parent et son enfant – a été utilisée en s’appuyant sur les trois styles de pratiques parentales alimentaires définies par Vaughn et al. Les pratiques et attitudes des parents ont été recueillies via un questionnaire en ligne rempli indépendamment par les parents et les adolescents (cf. Tableau 1). Six types de pratiques parentales liées à la consommation de fruits et légumes ont été examinées dans ce travail.

Tableau 1: Pratiques parentales évaluées, classées selon les 3 styles de pratiques définis par Vaughn et al. et exemples d’attitudes utilisées pour les mesurer.

Les pratiques associant disponibilité, exemplarité et encouragement semblent les plus efficaces

L’analyse des données recueillies fait apparaitre 5 types de parents, selon leurs pratiques en matière d’alimentation (tableau 2) :

  • Les influenceurs complets, utilisant les six pratiques parentales évaluées ;
  • Les influenceurs partiels avec pression, les influenceurs partiels sans pression et les influenceurs en désaccord employant certaines de ces pratiques ;
  • Les influenceurs indifférents, exerçant peu de pratiques.
Type de parents Part des dyades étudiées Spécificités
Influenceurs complets 31% – Forte probabilité d’utiliser l’ensemble des pratiques évaluées
– Perception concordante entre les parents et les adolescents
Influenceurs partiels avec pression 24% – Forte probabilité de suivre les consommations, d’assurer la disponibilité, de donner l’exemple à ses enfants et de les encourager.
– Faible probabilité d’implication des enfants
– Le niveau de pression exercée sur l’alimentation n’est pas perçu de la même manière entre parents et adolescents (modérée pour les parents, haute pour les adolescents).
Influenceurs partiels sans pression 22% – Forte probabilité d’assurer la disponibilité, de donner l’exemple à ses enfants et de les encourager.
– Faible probabilité d’implication des enfants et d’exercer une pression sur l’alimentation (perçue par les parents et les adolescents).
Influenceurs en désaccord 10% Désaccords entre les parents et les adolescents :

– Forte probabilité que les parents déclarent suivre les consommations, assurer la disponibilité, donner l’exemple à leurs enfants et les encourager.
– Faible probabilité que les adolescents déclarent une pression sur l’alimentation, un suivi de leurs consommations, ou le fait que leurs parents cherchent à être un modèle
et à les impliquer
Influenceurs indifférents 14% – Faible probabilité que les parents ou les enfants déclarent une pression sur l’alimentation, un suivi de leurs consommations, le fait que les parents donnent l’exemple et les impliquent.
Table 2 : Types de parents au regard de leurs pratiques en matière d’alimentation

Les influenceurs complets et influenceurs partiels sans pression sont les groupes présentant les niveaux de consommation de fruits et légumes les plus élevées. Ce sont également ceux qui montrent les plus hauts niveaux de disponibilité de fruits et légumes, d’encouragement et d’exemplarité.

Ces observations suggèrent que l’association de ces trois pratiques serait plus efficace pour améliorer les consommations de fruits et légumes que les autres pratiques étudiées. A l’inverse, ce travail observe une moindre consommation de fruits et légumes chez les adolescents dont les parents n’utilisent pas, ou peu, de pratiques liées à l’alimentation (groupe des Influenceurs indifférents). Ces résultats doivent, cependant, être confirmés.

Le niveau de consommation de fruits et légumes et les facteurs démographiques moduleraient les pratiques parentales.

Le style de pratiques parental apparait corrélé au niveau de consommation de fruits et légumes des parents. Ainsi, la probabilité d’appartenir à un autre groupe que celui des « Influenceurs complets » (classe de référence), est réduite de 19 % à 63 % pour chaque équivalent d’une tasse de fruits et légumes consommé par les parents.

L’âge et le sexe des enfants et des parents, sont également des facteurs qui semblent moduler les résultats observés. Ainsi, comparées aux dyades ayant les enfants les plus jeunes, celles composées d’adolescents plus âgés ont une probabilité plus élevée que les parents exercent peu de pratiques liées à la consommation de fruits et légumes.

Les dyades composées d’adolescents garçon présentent une probabilité plus élevée que celles composées de filles d’appartenir à la classe « en désaccord ». Les dyades composées du père ont, quant à elles, une probabilité trois fois plus élevée d’appartenir au type de parent influenceurs indifférents que celles composées de la mère.

Plus les parents s’impliquent vis-à-vis de l’alimentation de leurs enfants, plus ils sont perçus comme légitimes pour le faire

Enfin, il apparait que moins les parents exercent de pratiques vis-à-vis de l’alimentation, moins leur niveau de légitimité perçue est fort que ce soit par eux ou par leurs enfants.

Les auteurs de ce travail indiquent que des travaux complémentaires sont nécessaires pour consolider les résultats obtenus. Considérant la variété importante des pratiques parentales observées et leur variation probable dans le temps, ils invitent également à une approche plus personnalisée pour la mise en place d’interventions visant à influencer positivement l’apport alimentaire des enfants.

Basé sur : Thomson JL, et al. Patterns of Food Parenting Practices Regarding Fruit and Vegetables among Parent-Adolescent Dyads. Child Obes. 2020;16(5):340-349

Méthodologie
Messages clés
  • L’analyse a été réalisée à partir des données de l’étude transversale (réalisée en ligne), FLASHE – Family Life, Activity, Sun, Health, and Eating – en 2014
  • 1657 dyades parents-adolescents ont été inclues.
  • Une analyse de classe latente a été utilisée pour exploiter les données.
Références
Retour Voir l'article suivant