Pratiques parentales d'alimentation et comportements alimentaires des enfants

Avis d’expert : influence de l’offre alimentaire et des traditions sur les pratiques parentales, exemple à La Réunion – deux questions à Lucile Reboul, éducatrice à l’alimentation

Lucile Reboul Educatrice à l’alimentation et à l’environnement
A propos de l’auteur

Ingénieure agronome, Lucile Reboul s’est formée au Québec en éveil au goût et jardinage pédagogique. Elle est depuis éducatrice à l’alimentation et à l’environnement à La Réunion et fait partie du réseau de l’ANEGJ (l’Association Nationale pour l’Education au Goût des Jeunes). Elle intervient notamment dans les crèches, écoles et quartiers prioritaires de la ville. Elle contribue à familiariser les jeunes (et moins jeunes) aux fruits et légumes locaux.

VRAI OU FAUX ?
Question 1 L’offre alimentaire proposée à La Réunion a une influence sur les pratiques parentales Vrai & Faux
Recommandations alimentation enfants Réunion

La première raison qui peut obliger les parents à s’adapter est liée à l’ offre commerciale. En effet, de nombreux produits sont fabriqués en métropole, et donc élaborés avec des fruits et légumes peu ou pas cultivés sur notre territoire. C’est le cas pour les petits pots pour bébé élaborés avec des fruits et légumes rares ou absents ici : pomme, poire, rhubarbe, artichaut, petit pois ou encore poireau. Si ces aliments répondent à des standards de qualité liés à des cahiers des charges stricts, ils ne proposent pas une offre propice à éduquer les bébés au goût des produits locaux. L’autre difficulté concerne la transposition des conseils nutritionnels : les premiers fruits conseillés pour les tout petits ne sont pas forcément les fruits tropicaux et l’adaptation des recommandations officielles de santé demande un effort supplémentaire et un accompagnement des professionnels de santé . Et puis il y a aussi l’aspect culturel, transmis par les grands-parents. On peut citer la tradition de donner un os aux jeunes enfants lors du partage d’un carri poulet en famille le dimanche. Il s’agit là, de donner aux petits un aperçu des saveurs créoles et de leur fournir un « amuse la bouche » bien utile au moment des poussées dentaires. Si la génération des grands-parents reste attachée à cette pratique, elle pose question aux jeunes parents et doit sans doute révulser les professionnels les plus stricts en matière de diversification alimentaire !

Question 1 L’offre alimentaire proposée à La Réunion a une influence sur les pratiques parentales Vrai & Faux

La première raison qui peut obliger les parents à s’adapter est liée à l’ offre commerciale. En effet, de nombreux produits sont fabriqués en métropole, et donc élaborés avec des fruits et légumes peu ou pas cultivés sur notre territoire. C’est le cas pour les petits pots pour bébé élaborés avec des fruits et légumes rares ou absents ici : pomme, poire, rhubarbe, artichaut, petit pois ou encore poireau. Si ces aliments répondent à des standards de qualité liés à des cahiers des charges stricts, ils ne proposent pas une offre propice à éduquer les bébés au goût des produits locaux. L’autre difficulté concerne la transposition des conseils nutritionnels : les premiers fruits conseillés pour les tout petits ne sont pas forcément les fruits tropicaux et l’adaptation des recommandations officielles de santé demande un effort supplémentaire et un accompagnement des professionnels de santé . Et puis il y a aussi l’aspect culturel, transmis par les grands-parents. On peut citer la tradition de donner un os aux jeunes enfants lors du partage d’un carri poulet en famille le dimanche. Il s’agit là, de donner aux petits un aperçu des saveurs créoles et de leur fournir un « amuse la bouche » bien utile au moment des poussées dentaires. Si la génération des grands-parents reste attachée à cette pratique, elle pose question aux jeunes parents et doit sans doute révulser les professionnels les plus stricts en matière de diversification alimentaire !

Question 2 Une diversification réussie est toujours garante de saines habitudes alimentaires plus tard dans l’enfance Faux
Jeune couple diversification alimentaire Réunion

A la Réunion, les recommandations nutritionnelles au moment de la diversification alimentaire sont plutôt bien appliquées car le suivi pédiatrique (via les pédiatres et les PMI notamment) est bien en place auprès des bébés jusqu’à un an. Ainsi la période de diversification intègre en grande quantité les fruits et les légumes. Malgré cela, la consommation de fruits et légumes dans la population générale reste bien en-deçà des recommandations avec 42% de la population qui ne consomme aucun fruit ou légume par jour et seulement 9% qui atteint au moins 5 portions quotidiennes. C’est au moment où l’enfant passe à la table familiale que la quantité de fruits et légumes dans l’assiette diminue donc drastiquement . En tant qu’éducatrice au goût, mon travail est donc primordial, non pas sur la diversification alimentaire, mais sur les pratiques des adultes : un couple qui devient parent représente une période de vie propice au changement d’habitudes alimentaires et donc une opportunité pour installer des pratiques plus bénéfiques à la santé de toute la famille, avec bien plus de fruits et légumes.
Par ailleurs, les repas de famille réunionnais cultivent l’opulence, comme une sorte de rattrapage inconscient de la misère du milieu du siècle. Les repas familiaux ont ainsi tendance à être très (voire trop) riches à commencer par l’apéritif qui, de plus, se compose de mets traditionnels souvent frits (samoussas, bouchons, bonbons piments, piments farcis…). Pour apporter des alternatives pour ce moment de partage sans abandonner l’aspect culturel, j’organise des animations d’éveil sensoriel parents-enfants autour de « trempettes » de légumes : je leur propose des dégustations ludiques et colorées de bâtonnets de légumes variés avec des sauces à base de betterave (très prisée des enfants pour son goût doux et légèrement sucré), un rougail tomate combava ou juste un peu de curry et curcuma dans une sauce au yaourt. Ils font ainsi l’expérience sensorielle que ces moments peuvent rester festifs en intégrant des alternatives plus variées sur le plan nutritionnel, et qui plaisent aussi aux enfants !

Question 2 Une diversification réussie est toujours garante de saines habitudes alimentaires plus tard dans l’enfance Faux

A la Réunion, les recommandations nutritionnelles au moment de la diversification alimentaire sont plutôt bien appliquées car le suivi pédiatrique (via les pédiatres et les PMI notamment) est bien en place auprès des bébés jusqu’à un an. Ainsi la période de diversification intègre en grande quantité les fruits et les légumes. Malgré cela, la consommation de fruits et légumes dans la population générale reste bien en-deçà des recommandations avec 42% de la population qui ne consomme aucun fruit ou légume par jour et seulement 9% qui atteint au moins 5 portions quotidiennes. C’est au moment où l’enfant passe à la table familiale que la quantité de fruits et légumes dans l’assiette diminue donc drastiquement . En tant qu’éducatrice au goût, mon travail est donc primordial, non pas sur la diversification alimentaire, mais sur les pratiques des adultes : un couple qui devient parent représente une période de vie propice au changement d’habitudes alimentaires et donc une opportunité pour installer des pratiques plus bénéfiques à la santé de toute la famille, avec bien plus de fruits et légumes.
Par ailleurs, les repas de famille réunionnais cultivent l’opulence, comme une sorte de rattrapage inconscient de la misère du milieu du siècle. Les repas familiaux ont ainsi tendance à être très (voire trop) riches à commencer par l’apéritif qui, de plus, se compose de mets traditionnels souvent frits (samoussas, bouchons, bonbons piments, piments farcis…). Pour apporter des alternatives pour ce moment de partage sans abandonner l’aspect culturel, j’organise des animations d’éveil sensoriel parents-enfants autour de « trempettes » de légumes : je leur propose des dégustations ludiques et colorées de bâtonnets de légumes variés avec des sauces à base de betterave (très prisée des enfants pour son goût doux et légèrement sucré), un rougail tomate combava ou juste un peu de curry et curcuma dans une sauce au yaourt. Ils font ainsi l’expérience sensorielle que ces moments peuvent rester festifs en intégrant des alternatives plus variées sur le plan nutritionnel, et qui plaisent aussi aux enfants !

Références
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