Le plaisir, un levier pour encourager la consommation de fruits et légumes

Australie : un collectif appelle à changer d’approche et à miser sur le plaisir alimentaire pour encourager la consommation de légumes chez les enfants

En Australie, les enfants (2 – 18 ans) consomment en moyenne 2 portions de légumes par jour, ce qui est bien inférieur aux recommandations fixées par l’OMS. Si de nombreuses stratégies ont été déployées pour améliorer les choses, leur efficacité à grande échelle et sur le long terme reste limitée. A l’initiative de l’Alliance Stratégique pour les Apports en Légumes, une prise de position récente propose une nouvelle approche pour optimiser la consommation de légumes chez les enfants australiens. Articulée autour de 3 points clés, cette approche se base sur des données de la littérature et souligne notamment l’intérêt de tenir compte du plaisir alimentaire pour encourager la consommation de légumes chez les enfants.

Si les bénéfices pour la santé de la consommation de légumes ne sont plus à démontrer, les niveaux d’apports chez les enfants restent insuffisants. En Australie, l’enquête nationale sur la santé menée en 2014-2015 révèle que seuls 5,3% des enfants âgés de 2 à 18 ans atteignent les apports recommandés en légumes contre 68,2% pour les fruits (Australian National Health Survey, 2014-2015).

Cette faible consommation de légumes est d’autant plus préoccupante que l’adoption de comportements alimentaires au cours de l’enfance influence la formation des habitudes alimentaires à l’âge adulte (Maynard et al. 2006). De plus, les tentatives pour améliorer les apports en légumes font état de résultats limités et ne permettent pas d’impulser un changement de comportement à long terme (Hendrie et al., 2017).

Dans une prise de position récente (Cox et al., 2023), l’Alliance Stratégique pour les Apports en Légumes (voir encadré) propose une vision commune, basée sur des données probantes, pour faire évoluer les pratiques et améliorer la consommation de légumes chez les enfants australiens.

5 défis à relever pour améliorer la consommation de légumes chez les enfants

Si des efforts considérables ont été déployés pour encourager les enfants à consommer davantage de légumes, leur efficacité à long terme reste limitée et de nombreux freins persistent (Mihrshahi et al., 2019). L’analyse de la littérature permet notamment d’identifier cinq défis à relever pour améliorer la consommation de légumes chez les enfants :

  • Goût et caractéristiques sensorielles : le goût amer et/ou neutre de certains légumes n’est pas apprécié de manière innée par les enfants (Cox et al., 2022). Développer une appréciation pour ces aliments peut donc exiger un certain temps.

  • Occasions de consommation : en Australie, les enfants consomment la plupart de leurs légumes au cours du dîner et il n’est pas courant de les inclure dans d’autres repas (Wyse et al., 2011 ; Nour et al., 2017 ; Rebuli et al., 2020). Les occasions de consommer des légumes ne sont donc pas suffisamment nombreuses pour faciliter l’exposition et la familiarisation des enfants avec ces aliments.

  • Concurrence avec les fruits et autres produits sucrés : les fruits et les légumes sont souvent associés dans les recommandations alors qu’ils sont consommés de différentes manières et à différents moments. De plus, les légumes ne sont pas commercialisés aussi largement que d’autres aliments moins sains, considérés plus attrayants par les enfants. Des stratégies et des messages spécifiques aux légumes sont donc nécessaires pour encourager leur consommation.

  • Distribution et accessibilité : il existe de nombreux défis associés à l’approvisionnement régulier en légumes et en produits végétaux dans les établissements scolaires (Kashef et al., 2021).

  • Coordination des parties prenantes : la coordination des efforts entre les différentes parties prenantes reste insuffisante.

Impliquer tous les acteurs et investir toutes les occasions susceptibles d’influencer les préférences alimentaires des enfants

Comme le pointent les auteurs de cette prise de position, les préférences et les habitudes alimentaires s’établissent pendant l’enfance et peuvent persister à l’âge adulte (Birch, 1998 ; Maynard et al., 2005). S’il est difficile de moduler les habitudes des adultes, les préférences des enfants sont plus malléables. Pour améliorer la consommation de légumes, ce document suggère d’adopter une approche ciblant les enfants âgés de 2 à 11 ans dans tous les lieux où ils sont susceptibles de manger.

Ainsi, cette prise de position invite à mobiliser et coordonner tous les acteurs et parties prenantes qui influencent les consommations alimentaires des enfants, notamment en incluant les domaines de la santé, de l’éducation et du sport. Il s’agit des personnes qui s’occupent en premier lieu des enfants – parents, soignants, enseignants – mais également des acteurs du système alimentaire et des décideurs politiques (voir figure 1 ci-dessous).

Sortir de l’approche nutritionnelle en mettant l’accent sur le plaisir alimentaire

Pour répondre aux enjeux liés à la consommation de légumes chez les enfants, les auteurs de cette prise de position proposent 3 champs d’action prioritaires :

  • Mettre l’accent sur le plaisir alimentaire associé à la consommation de légumes ;
  • Créer des opportunités d’exposition aux légumes
  • Agir ensemble

Le premier point rend ce document original car il s’agit d’une nouvelle approche en promotion de la santé. En effet, il appelle à porter des messages en faveur du plaisir et non de la santé dans les campagnes de sensibilisation. Les auteurs invitent notamment les décideurs politiques à élaborer des directives alimentaires spécifiques aux légumes et visant à accroître l’appétence pour ces aliments.

Les actions préconisées reposent également sur la fourniture de conseils pratiques aux parents, ainsi qu’à l’ensemble des adultes qui encadrent les enfants pour la sensibilisation et la familiarisation avec les légumes. En effet, l'exposition répétée est un levier clairement identifié dans les connaissances scientifiques pour améliorer les consommations (Bell et al., 2021 ; Bell et al., 2021). Dans ce document, ce principe est associé au plaisir alimentaire, notamment, pour plus d’efficacité.

Basé sur : Cox DN, Campbell KJ, Cobiac L, Gardner C, Hancock L, Hendrie GA, Kelaart A, Lausen M, Poelman AA, Sambell R, Tikellis KM, Wiggins B. Working together to increase Australian children’s liking of vegetables: a position statement by the Vegetable Intake Strategic Alliance (VISA). Public Health Nutr. 2023 Nov;26(11):2271-2275.

Vegetable Intake Strategic Alliance (VISA)

L’Alliance stratégique pour les apports en légumes est une initiative de recherche qui coordonne la collaboration intersectorielle afin d’augmenter la consommation de légumes chez les enfants en Australie. Elle comprend un large éventail de parties prenantes, notamment l’industrie horticole, les ministères de la santé et de l’agriculture et des états membres du Commonwealth, les organismes de recherche, les commerçants, les établissements de formation initiale et les associations de parents, ainsi que diverses organisations non gouvernementales.

Méthodologie
Références
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