Professionnels de santé, acteurs essentiels de la prévention nutritionnelle

Avis d’expert – L’entretien motivationnel, un outil clé pour l’accompagnement nutritionnel : 2 questions à Glori Cavalli Euvrard

Glori Cavalli Euvrard Diététicienne et ingénieure pédagogique
A propos de l’auteur

Glori Cavalli Euvrard est diététicienne et ingénieure pédagogique (Master de pédagogie en sciences de la santé). En 2016, elle est devenue formatrice en Entretien motivationnel en suivant le parcours du réseau international des formateurs en entretien motivationnel (Mint). Elle accompagne les professionnels de santé à développer leurs compétences relationnelles et pédagogiques en formation (ETP et entretien motivationnel) et en supervision. Elle a co écrit récemment le « Guide pratique de l’Entretien Motivationnel », Dunod, nov 2022, pour offrir aux lecteurs l’occasion de questionner et d’appliquer les bases de l’entretien motivationnel dans leur quotidien professionnel. La question de la relation d’aide est au centre de sa réflexion et profondément inspirée de l’approche centrée sur la personne de Carl Rogers.

Question 1 Le changement de comportement alimentaire est simple à mettre en place Faux

Tout d’abord, il est nécessaire de rappeler que tous les individus sont identiques face au « changement ». Il s’agit de sortir de la « zone habituelle » qui est aussi nommée zone de confort. Dès que l’on sort de cette zone, en essayant de mettre en place de nouvelles habitudes par exemple, cela entraine notamment de la peur (la peur de l’échec, du regard des autres, de la difficulté d’apprentissage…). La capacité à essayer et mettre en place le changement dépend ainsi beaucoup de la « confiance en soi » et de l’assurance que l’on a ou pas. De fait, le manque d’estime de soi (fréquent chez les personnes en surpoids et/ou souffrant de troubles du comportement alimentaire par exemple) est l’un des freins documentés au changement de comportement (Miller & Rollnick, 2013). Dans ce type de situation, un accompagnement ciblé sur l’augmentation de la confiance en soi s’avère nécessaire.
Par ailleurs, une des conditions de réussite en matière de changement de comportement c’est de bien se connaître, d’avoir identifié ses habitudes, ses ressources… Ainsi, le patient peut évoquer son souhait de changement à travers son discours (« je veux être en bonne santé », « je souhaite manger plus sainement ») ou émettre un constat (« je n’aime pas tellement les fruits et légumes »).
Pour le praticien, ces types de discours sont des indices et des leviers. Ils témoignent que le patient est prêt et ouvert à échanger sur ce sujet. C’est là que l’entretien motivationnel prend tout son intérêt (voir ci-dessous). En invitant le patient à s’exprimer par l’utilisation de questions ouvertes et directionnelles, le professionnel de santé explorera les raisons du changement, les avantages à changer, l’importance de faire ce changement et la manière dont il pourrait y parvenir. Accompagner le changement de comportement alimentaire c’est l’aider à prendre conscience de ce qui est utile grâce à l’écoute, l’empathie et en valorisant les arguments du patient.

Question 1 Le changement de comportement alimentaire est simple à mettre en place Faux

Tout d’abord, il est nécessaire de rappeler que tous les individus sont identiques face au « changement ». Il s’agit de sortir de la « zone habituelle » qui est aussi nommée zone de confort. Dès que l’on sort de cette zone, en essayant de mettre en place de nouvelles habitudes par exemple, cela entraine notamment de la peur (la peur de l’échec, du regard des autres, de la difficulté d’apprentissage…). La capacité à essayer et mettre en place le changement dépend ainsi beaucoup de la « confiance en soi » et de l’assurance que l’on a ou pas. De fait, le manque d’estime de soi (fréquent chez les personnes en surpoids et/ou souffrant de troubles du comportement alimentaire par exemple) est l’un des freins documentés au changement de comportement (Miller & Rollnick, 2013). Dans ce type de situation, un accompagnement ciblé sur l’augmentation de la confiance en soi s’avère nécessaire.
Par ailleurs, une des conditions de réussite en matière de changement de comportement c’est de bien se connaître, d’avoir identifié ses habitudes, ses ressources… Ainsi, le patient peut évoquer son souhait de changement à travers son discours (« je veux être en bonne santé », « je souhaite manger plus sainement ») ou émettre un constat (« je n’aime pas tellement les fruits et légumes »).
Pour le praticien, ces types de discours sont des indices et des leviers. Ils témoignent que le patient est prêt et ouvert à échanger sur ce sujet. C’est là que l’entretien motivationnel prend tout son intérêt (voir ci-dessous). En invitant le patient à s’exprimer par l’utilisation de questions ouvertes et directionnelles, le professionnel de santé explorera les raisons du changement, les avantages à changer, l’importance de faire ce changement et la manière dont il pourrait y parvenir. Accompagner le changement de comportement alimentaire c’est l’aider à prendre conscience de ce qui est utile grâce à l’écoute, l’empathie et en valorisant les arguments du patient.

Question 2 Délivrer des conseils nutritionnels aux patients est suffisant pour que ces derniers les appliquent Vrai & Faux

La littérature montre que de nombreux patients souhaitent améliorer leurs habitudes alimentaires et attendent un soutien de leur médecin pour y parvenir (Brotons, 2012). Le professionnel de santé est un acteur clé, de confiance pour le patient et ainsi un puissant déterminant du changement de comportement. Cependant, un conseil « seul » sans échanges préalables entre praticien et patient peut avoir un impact négatif sur le ressenti du patient (sentiment de subir une injonction ou de culpabilité et/ou de déception vis-à-vis du professionnel de santé s’il n’arrive pas à atteindre l’objectif). Ainsi, le contexte du conseil, sa formulation et sa personnalisation sont des éléments clés de réussite. Aujourd’hui, nous constatons que l’injonction ne fonctionne pas et n’est pas pertinente. Malgré les messages du PNNS tels que « consommer au moins 5 fruits et légumes par jour », plus de la moitié des Français ne suivent pas cette recommandation (Eurostat, 2019). L’entretien motivationnel est une approche intéressante pour accompagner les changements de comportement alimentaire. C’est une approche utilisée dans divers domaines, notamment pour la prise en charge des personnes souffrantes de maladies chroniques (maladies cardiovasculaires, diabète) (Stefen, 2021 ; Salimi, 2016). Cette approche collaborative centrée sur la personne, développe des outils de communication puissants et congruents avec la nécessité pour chacun de sentir son pouvoir d’agir atour d’un désir de changement. Elle a été développée en 1980 par William R. Miller et Stephen Rollnick. Elle consiste à renforcer la motivation au changement de comportement tout en respectant l’ambivalence du patient et en explorant ses perceptions et représentations (Guide pratique de l’Entretien Motivationnel, 2022). L’objectif est de donner l’opportunité au patient de choisir pour lui-même et par lui-même les comportements à mettre en œuvre, en renforçant sa motivation, sa conviction et son engagement.
Concrètement, en consultation, le professionnel de santé qui souhaite partager des informations, peut utiliser le “Demander, Demander, Partager, Demander”, un des outils de l’entretien motivationnel (Guide pratique de l’Entretien Motivationnel, 2022, fiche n°5). L’objectif est de partager des informations tout en préservant la collaboration, l’autonomie et le pouvoir d’agir du patient. Cet outil appelé le DDPD se divise en 4 étapes :
1. Demander le consentement au patient (pour aborder le sujet de ce qui fait grossir par exemple). Ainsi la personne a toujours le choix et continue d’être autrice de sa prise en soin.
2. Demander ses connaissances antérieures sur le sujet (souvent le patient a déjà réfléchi au problème). Prendre le temps de s’intéresser à ce qu’il a déjà entendu, lu ou expérimenté est une manière de lui montrer que ce qu’il pense a de l’importance et que nous sommes attentifs à cela.
3. Partager l’information en tenant compte des dires du patient, c’est-à dire résumer ce que le patient a abordé (informations personnalisées) et ajuster ou compléter si nécessaire l’information,
4. Demander ce que le patient souhaite faire de cette information et affiner avec lui l’éventuelle mise en pratique ; la décision revenant toujours au patient. Nous soignons ici le pouvoir d’agir du patient et lui montrons que c’est ensemble que l’accompagnement se fait. L’information n’est plus la seule chose qui importe, ce qui est important c’est en quoi elle raisonne en lui et comment il souhaite poursuivre après ce partage d’information.
Avec l’entretien motivationnel, l’accompagnement au changement se réalise avec délicatesse. C’est la personne qui décide « comment elle veut avancer » et nous, nous la soutenons avec espoir, méthode et empathie.

Question 2 Délivrer des conseils nutritionnels aux patients est suffisant pour que ces derniers les appliquent Vrai & Faux

La littérature montre que de nombreux patients souhaitent améliorer leurs habitudes alimentaires et attendent un soutien de leur médecin pour y parvenir (Brotons, 2012). Le professionnel de santé est un acteur clé, de confiance pour le patient et ainsi un puissant déterminant du changement de comportement. Cependant, un conseil « seul » sans échanges préalables entre praticien et patient peut avoir un impact négatif sur le ressenti du patient (sentiment de subir une injonction ou de culpabilité et/ou de déception vis-à-vis du professionnel de santé s’il n’arrive pas à atteindre l’objectif). Ainsi, le contexte du conseil, sa formulation et sa personnalisation sont des éléments clés de réussite. Aujourd’hui, nous constatons que l’injonction ne fonctionne pas et n’est pas pertinente. Malgré les messages du PNNS tels que « consommer au moins 5 fruits et légumes par jour », plus de la moitié des Français ne suivent pas cette recommandation (Eurostat, 2019). L’entretien motivationnel est une approche intéressante pour accompagner les changements de comportement alimentaire. C’est une approche utilisée dans divers domaines, notamment pour la prise en charge des personnes souffrantes de maladies chroniques (maladies cardiovasculaires, diabète) (Stefen, 2021 ; Salimi, 2016). Cette approche collaborative centrée sur la personne, développe des outils de communication puissants et congruents avec la nécessité pour chacun de sentir son pouvoir d’agir atour d’un désir de changement. Elle a été développée en 1980 par William R. Miller et Stephen Rollnick. Elle consiste à renforcer la motivation au changement de comportement tout en respectant l’ambivalence du patient et en explorant ses perceptions et représentations (Guide pratique de l’Entretien Motivationnel, 2022). L’objectif est de donner l’opportunité au patient de choisir pour lui-même et par lui-même les comportements à mettre en œuvre, en renforçant sa motivation, sa conviction et son engagement.
Concrètement, en consultation, le professionnel de santé qui souhaite partager des informations, peut utiliser le “Demander, Demander, Partager, Demander”, un des outils de l’entretien motivationnel (Guide pratique de l’Entretien Motivationnel, 2022, fiche n°5). L’objectif est de partager des informations tout en préservant la collaboration, l’autonomie et le pouvoir d’agir du patient. Cet outil appelé le DDPD se divise en 4 étapes :
1. Demander le consentement au patient (pour aborder le sujet de ce qui fait grossir par exemple). Ainsi la personne a toujours le choix et continue d’être autrice de sa prise en soin.
2. Demander ses connaissances antérieures sur le sujet (souvent le patient a déjà réfléchi au problème). Prendre le temps de s’intéresser à ce qu’il a déjà entendu, lu ou expérimenté est une manière de lui montrer que ce qu’il pense a de l’importance et que nous sommes attentifs à cela.
3. Partager l’information en tenant compte des dires du patient, c’est-à dire résumer ce que le patient a abordé (informations personnalisées) et ajuster ou compléter si nécessaire l’information,
4. Demander ce que le patient souhaite faire de cette information et affiner avec lui l’éventuelle mise en pratique ; la décision revenant toujours au patient. Nous soignons ici le pouvoir d’agir du patient et lui montrons que c’est ensemble que l’accompagnement se fait. L’information n’est plus la seule chose qui importe, ce qui est important c’est en quoi elle raisonne en lui et comment il souhaite poursuivre après ce partage d’information.
Avec l’entretien motivationnel, l’accompagnement au changement se réalise avec délicatesse. C’est la personne qui décide « comment elle veut avancer » et nous, nous la soutenons avec espoir, méthode et empathie.

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