Professionnels de santé, acteurs essentiels de la prévention nutritionnelle

Ghana : l’éducation nutritionnelle améliore le mode de vie d’étudiant en médecine et renforce leur aptitude à délivrer les conseils nutritionnels

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Bien qu’ils bénéficient d’une grande confiance de la part de la population, de nombreux médecins déclarent manquer de compétences et d’assurance pour la formulation de conseils nutritionnels. Récemment, une étude a évalué l’impact d’une intervention d’éducation nutritionnelle sur les modes de vie – alimentation, activité physique – et les compétences relatives à l’accompagnement nutritionnel chez des étudiants en médecine au Ghana. Les résultats montrent notamment que cette intervention a permis d’améliorer le mode de vie des étudiants et de renforcer leur aptitude à délivrer des conseils nutritionnels. Face à ces résultats encourageants, les auteurs de ce travail soulignent la nécessité d’intégrer davantage de modules de nutrition dans les cursus de médecine.

Les problèmes de santé liés à une alimentation de mauvaise qualité nutritionnelle représentent près d’un quart des consultations de soins de santé primaire (Keaver et al., 2018 ; Swinburn et al., 2019). Bien que les médecins reconnaissent l’importance des conseils nutritionnels et leur influence sur le comportement des patients, ils ne disposent pas toujours des compétences requises pour les formuler (Kolasa et al., 2020). En effet, de nombreux travaux soulignent le manque de formation à la nutrition et à l’accompagnement nutritionnel dans les programmes de médecine (Hark et al., 2015).

Pour y pallier, différentes interventions d’éducation nutritionnelle ont été mises en œuvre dans les pays développés (Schlair S et al., 2012 ; Crowley et al., 2014 ; Monlezun et al., 2015 ; Rothman et al., 2020 ; Mota IB et al., 2020 ; Magallanes et al., 2021 ; Wood et al., 2021). Néanmoins, ces stratégies restent insuffisamment déployées dans d’autres régions du monde comme l’Afrique (Mogre et al., 2018). Pour y palier, une étude récente (Amoore et al., 2023) a évalué l‘impact d’une intervention d’éducation nutritionnelle sur les habitudes de vie ainsi que sur les connaissances et la capacité à prodiguer des conseils nutritionnels d’étudiants en médecine ghanéens.

Une amélioration du régime alimentaire et de l’activité physique des étudiants après l’intervention

Les étudiants en médecine ayant participé à cette intervention (voir méthodologie) ont amélioré de manière significative leur consommation de légumes. Le nombre moyen de jours par semaine durant lesquels les participants ont consommé des légumes est passé de 2,36 jours à 3,16 jours après l’intervention. Bien que ce nombre ait diminué à 2,69 jours quatre semaines après l’intervention, il est resté plus élevé qu’au début de l’étude.

Des observations similaires ont été rapportées en matière d’activité physique modérée à vigoureuse. Le nombre moyen de jours par semaine pendant lesquels les participants ont pratiqué une activité physique pendant au moins 30 minutes a augmenté de manière significative, passant de 1,77 à 2,40 jours. Néanmoins, ce nombre a diminué quatre semaines après l’intervention pour atteindre 2,14 jours.

Enfin, cette intervention a eu un impact positif sur les scores de diversité alimentaire des étudiants, attestant d’une diversification du régime alimentaire à l’issue de l’intervention. Ces résultats sont conformes à ceux d’études antérieures (Schlair S et al., 2012 ; Crowley et al., 2014 ; Monlezun et al., 2015 ; Rothman et al., 2020 ; Mota IB et al., 2020 ; Magallanes et al., 2021 ; Wood et al., 2021) qui rapportent des améliorations significatives des comportements alimentaires à la suite d’interventions d’éducation nutritionnelle telles que :

  • L’augmentation de la consommation de fruits ;
  • Une plus grande préférence pour les repas faits maison par rapport aux plats cuisinés ;
  • Une réduction de la consommation d’aliments gras et de viande transformée ;
  • Une augmentation de la consommation d’aliments à base de céréales complètes.

Un renforcement des connaissances et de la capacité à fournir des conseils nutritionnels

A l’issue de cette intervention, les scores relatifs aux connaissances en matière d’accompagnement nutritionnel ont augmenté de manière significative, passant de 19,49 à 24,78. Ces scores sont descendus à 22,76 après les quatre semaines de suivi. Cette observation concorde avec les conclusions d’une autre étude qui rapporte une amélioration significative des connaissances après une session d’éducation nutritionnelle auprès d’étudiants américains en dernière année de médecine (Bertz et al., 2015).

Les scores moyens d’auto-efficacité se sont améliorés après l’étude ce qui démontre l’efficacité de l’intervention pour renforcer la capacité et l’assurance des étudiants à fournir des conseils nutritionnels. Dans la mesure où le sentiment d’auto-efficacité persiste tout au long de la formation médicale, l’amélioration du score démontre également le potentiel de l’intervention à équiper les étudiants pour de futurs soins nutritionnels dans leur pratique.

A travers ces résultats, les auteurs soulignent notamment la nécessité d’intégrer des formations continues en nutrition dans le programme universitaire. En effet, des travaux antérieurs ont déjà pu montrer que la familiarisation des étudiants aux interventions nutritionnelles fondées sur des données probantes et au rôle de la collaboration entre professionnels de santé renforce leur efficacité dans la prévention des maladies liées au mode de vie (Magallanes et al., 2021).

La nécessité de poursuivre les travaux de recherche sur les effets de l’éducation nutritionnelle auprès des étudiants en médecine

L’intervention d’éducation nutritionnelle présentée dans ce travail s’est montrée efficace pour former les futurs professionnels de santé à l’accompagnement nutritionnel. Parmi les limites de ce travail, les auteurs pointent le fait que cette étude s’est concentrée sur des étudiants en 2ème année de médecine et a, par conséquent, exclu les étudiants en première année. Or cette année de transition constitue une période critique où la charge de travail et le stress peuvent moduler les habitudes alimentaires et ainsi impacter la volonté et l’aptitude à fournir des conseils nutritionnels.

Par conséquent, les auteurs encouragent les futurs travaux à intégrer les étudiants en première année afin de mieux comprendre et comparer les effets de l’éducation nutritionnelle sur les capacités des étudiants en matière de conseils nutritionnels.

Basé sur : Amoore BY, et al. Nutrition education intervention improves medical students’ dietary habits and their competency and self-efficacy in providing nutrition care: A pre, post and follow-up quasi-experimental study. Front Nutr. 2023 Mar 2; 10:1063316.

Méthodologie
Messages clés
  • L’accompagnement nutritionnel fait partie intégrante de la prévention universelle car il participe à la réduction du risque de maladies non transmissibles. Il s’agit également d’un élément clé de la prévention ciblée, en particulier pour les enfants atteints de maladies cardiovasculaires qui devraient bénéficier d’une prise en charge multidisciplinaire précoce.
  • Les professionnels de santé sont amenés à fournir des conseils nutritionnels et doivent pour cela, s’assurer de la motivation de leurs patients et de leur compréhension des recommandations afin de mieux les soutenir dans leur démarche. .
  • Il est nécessaire d’intégrer de l’éducation nutritionnelle dans les programmes de médecine afin de mieux former les professionnels de la santé aux conseils nutritionnels.
Références
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