Alimentation et impact environnemental

Des plats suédois plus durables : perspectives pour les distributeurs du secteur alimentaire

Equation nutrition - Novembre 2021 - Des plats suédois plus durables

| Linn Torstensson, Rebecca Johansson et Cecilia Mark-Herbert

Département d’économie forestière, Université suédoise des sciences agricoles, Suède

La production alimentaire mondiale est le principal contributeur à la dégradation de l’environnement. Elle menace nos écosystèmes et la stabilité du climat. Pour surmonter cette situation d’urgence, des changements substantiels en faveur de régimes alimentaires sains et durables seraient nécessaires (Willett, 2019). Les détaillants alimentaires peuvent jouer un rôle important pour inciter le consommateur à faire des choix alimentaires plus durables en intégrant les aspects liés à la durabilité dans les décisions relatives à leur offre. Ils devraient également renforcer et améliorer leur communication afin de favoriser les choix alimentaires durables et sains, les consommateurs étant demandeurs de conseils sur la manière de choisir des aliments ayant un impact moindre sur le climat.

Selon cette étude, les détaillants ont un rôle à jouer pour orienter les consommateurs vers des régimes alimentaires plus durables et plus sains. Les statistiques de  ventes ont permis d’identifier les dix plats les plus couramment préparés à la maison par les clients d’un grand détaillant alimentaire suédois. Les plats ont été modifiés afin de respecter les recommandations en matière de nutrition et d’impact sur le climat. Enfin, les plats sélectionnés ont été analysés du point de vue de leur impact nutritionnel et climatique, afin de pouvoir établir des comparaisons avec les recommandations (voir ci-dessous l’encadré « Méthodologie »).

Les plats courants dépassent les recommandations en matière de nutrition et d’impact climatique

Les dix plats les plus populaires sont, dans l’ordre : le poulet tikka masala avec du riz, le poulet au wok avec des nouilles, les tacos, les spaghettis à la bolognaise, les cuisses de poulet au curry avec du riz, les hot dogs, les lasagnes, les saucisses stroganoff, le filet de porc avec des pommes de terre et le saumon avec une sauce au citron et à l’aneth. Ces plats sont pauvres en fruits, en légumes et en céréales complètes, et contiennent également trop d’acides gras saturés. Tous ces plats, caractérisés également par un impact climatique supérieur au niveau maximum recommandé en termes d’émissions de CO2 par repas, ont dû être modifiés. Le Fonds mondial pour la protection de la nature (WWF) a conclu que l’impact climatique de l’alimentation doit être réduit de 75% (WWF, 2020). En chiffres, cela représente 11 kg équivalent CO2 par semaine, soit 1,6 kg par jour ou, dans le cas présent, 0,5 kg par repas. Il est donc évident que des changements sont nécessaires afin de respecter les recommandations en matière de nutrition et d’impact sur le climat (figure 1).

 

Figure 1. Contenu nutritionnel et impact climatique moyens (kg éq. CO2) des plats originaux par rapport aux recommandations (Traduite par Aprifel).

Les sources de protéines d’origine végétale: une option majeure pour un régime à faible impact sur le climat et à valeur nutritionnelle importante

La prise en compte de la durabilité offre de bonnes perspectives d’avantages concurrentiels, qui peuvent être obtenus grâce à une gestion écologique de l’offre de produits (Wever, 2008). Les sources de protéines d’origine végétale représentent une possibilité essentielle pour la transition nécessaire vers un régime alimentaire ayant un impact moindre sur le climat et une valeur nutritionnelle plus importante. Ainsi, les alternatives d’origine végétale pourraient s’avérer précieuses pour le développement de nouveaux produits, mais cela remet en question la gestion stratégique actuelle et la politique de vente des détaillants alimentaires suédois. Le secteur de la viande est crucial d’un point de vue financier (Tjärnemo , 2015). Cependant, les consommateurs sont de plus en plus sensibilisés au développement durable et attendent des actions de la part des entreprises, créant ainsi une incitation importante.

Messages clés :

  • Les plats généralement préparés en Suède ne respectent pas les objectifs en matière de limites climatiques et ne sont pas conformes aux recommandations nutritionnelles (la teneur en graisses saturées est trop élevée et la quantité de légumes, de fruits, de céréales complètes et de fibres doit être augmentée) ; leur impact sur le climat est supérieur au maximum recommandé en termes d’émissions de CO2 par repas.
  • Pour réduire l’impact sur le climat et accroitre la valeur nutritionnelle, la quantité de produits d’origine animale doit être réduite et/ou remplacée par des alternatives végétales saines.

Méthodologie :

  • Les données ont inclus tous les achats effectués au cours de l’année 2019 dans un magasin de grande distribution alimentaire.
  • La définition et les ingrédients des plats ont ensuite été identifiés grâce aux principales bases de données de recettes alimentaires suédoises.
  • Les données relatives à l’impact sur le climat de la base de données climatiques se, fruit d’une collaboration avec les instituts de recherche de Suède, ont été utilisées pour calculer l’impact climatique des plats.
  • Les données nutritionnelles proviennent de la base de données suédoise sur la composition des aliments et du programme Dietist net.
  • Les valeurs d’apport énergétique de référence dans cette étude sont basées sur les hommes et les femmes de toutes les tranches d’âge adultes et pour tous les niveaux d’activité physique (Conseil nordique des ministres, 2014).
  • Parmi les composantes nutritionnelles prises en compte figurent l’apport énergétique, les protéines, les lipides, les acides gras saturés, les céréales complètes, les fibres alimentaires et les fruits et légumes.

 

 

Linn Torstensson
Département d'économie forestière, Université suédoise des sciences agricoles, Suède
Rebecca Johansson
Département d'économie forestière, Université suédoise des sciences agricoles, Suède
Cecilia Mark-Herbert
Département d'économie forestière, Université suédoise des sciences agricoles, Suède
Basé sur : Torstensson L, et al. Food Dishes for Sustainable Development: A Swedish Food Retail Perspective. Foods. 2021;10(5):932.
  • Conseil nordique des ministres. Nordic Nutrition Recommendations 2012-Integrating Nutrition and Physical Activity; Nordic Council of Ministers: Ved Stranden, Copenhague, 2014.
  • Tjärnemo H., et al. Swedish food retailers promoting climate smarter food choices-Trapped between visions and reality? of Retailing and Consumer Services. 2015;24;130-139.
  • Willett W., et al. Food in the Anthropocene: The EAT–Lancet Commission on Healthy Diets from Sustainable Food Systems. Lancet 2019; 393: 447–492.
  • Wever R., et al. Sustainable Innovation 08 Conference. 2008.
  • One Planet Plate. Disponible en ligne : https://www.wwf.se/mat-och-jordbruk/one-planet-plate/#klimat-och-biologisk-mangfald
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