Alimentation et impact environnemental

Respecter la recommandation britannique des « 5 par jour » de F&L : impacts sur la santé et l’environnement

Equation nutrition - Novembre 2021 - Respecter la recommandation britannique des "5 par jour" de F&L

| Patricia Eustachio Colombo

Département de santé publique mondiale, Institut de Karolinska, Suède

Le guide britannique Eatwell et la campagne nationale « 5-a-day » recommandent la consommation quotidienne de cinq portions de fruits et légumes (y compris les légumineuses) frais, en conserve ou surgelés. (NHS, 2018). Dix ans après le lancement de la campagne, la consommation de fruits et légumes a augmenté d’environ une demi-portion par jour (Castiglione, 2019). Mais, la consommation moyenne de fruits et légumes au Royaume-Uni reste bien en deçà de la recommandation dans tous les groupes d’âge et de sexe (Food Standards Agency and Public Health England, 2019). En outre, le Royaume-Uni s’est engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 (Gouvernement britannique, 2019). Cette transition devrait s’accompagner d’une évolution vers des régimes alimentaires à base de produits végétaux (Reynolds, 2019).

Cette étude de modélisation a pour but de quantifier les effets potentiels sur la santé (évolution en termes d’années de vie gagnées et d’espérance de vie à la naissance), sur les empreintes environnementales (émissions de GES et empreinte hydrique bleue), et les coûts alimentaires, qui pourraient être associés à différents modèles de consommation théoriques ciblant la recommandation « 5 par jour » (voir ci-dessous l’encadré « Méthodologie »).

Consommation accrue de fruits et légumes en suivant les 4 voies d’accès à « 5 par jour »

Dans cette étude, quatre modèles théoriques ont été élaborés, dans lesquels la consommation totale de fruits et légumes par personne est portée du niveau actuel à 5 portions (400 g) par jour (figure 1).

 

Figure 1: Quatre modèles ciblant l’objectif de « 5 par jour »

Au Royaume-Uni, le régime alimentaire des personnes âgées de plus de 12 ans compte en moyenne 88 g de fruits (~1 portion) et 144 g de légumes par jour.

Dans les quatre modèles, la consommation de légumes a augmenté par rapport au niveau de référence, pour atteindre entre 246 g (soit une hausse de 76%) et 312 g (soit une hausse de 123%) par jour. La plus forte augmentation de la consommation de légumes a été enregistrée dans les modèles « LÉGUMES TOUTES ORIGINES » et « LÉGUMES R-U ».

Dans le modèle « F&L TOUTES ORIGINES », la consommation de fruits a augmenté de 75% par rapport au niveau de référence (pour atteindre 154 g/j), tandis que dans le modèle « F&L R-U », elle a augmenté de 52% (pour atteindre 134 g/j). En revanche, elle est restée la même dans les 2 modèles « LÉGUMES UNIQUEMENT ».

La réalisation de l’objectif « 5 par jour » pourrait augmenter l’espérance de vie moyenne à la naissance de 7 à 8 mois

Dans les quatre modèles, les effets sur la santé s’avèrent positifs, avec une augmentation de l’espérance de vie de 8 mois pour le modèle « F&L TOUTES ORIGINES », et de 7 mois pour les modèles « F&L R-U » et « LÉGUMES R-U ». Environ 80 % de ces bénéfices pour la santé sont attribuables à l’amélioration de la santé grâce à une consommation accrue de fruits et légumes et le reste à une diminution de la consommation de viande rouge et transformée.

Une réduction des émissions de GES liées à l’alimentation et de l’empreinte hydrique bleue pourrait également être observée

Les quatre approches modélisées pour atteindre l’objectif « 5 par jour » ont permis de réduire les émissions totales de GES liées à l’alimentation générale, par rapport aux régimes alimentaires moyens actuels au Royaume-Uni. C’est le modèle « LÉGUMES TOUTES ORIGINES » qui est associé à la plus forte réduction (8,2%), suivi du modèle « LÉGUMES R-U » (7%). Ces réductions pourraient faire baisser les émissions de GES liées à l’alimentation de 6,6 à 12,2 M de t éq. CO2 / an, selon le modèle. Cela pourrait se traduire par une réduction d’environ 0,8 à 1,6% des émissions annuelles de GES.

Des réductions plus importantes de l’utilisation de l’eau ont été observées avec les modèles qui privilégient les fruits et légumes produits au Royaume-Uni plutôt que les variétés importées. De fait, l’empreinte d’eau bleue a été réduite de 1% dans le modèle « LÉGUMES R-U » et de 0,9% dans le modèle « F&L R-U », alors qu’elle a augmenté de 0,5% dans le modèle « F&L TOUTES ORIGINES » (+0,07 km3/an).

Messages clés :

  • La réalisation de l’objectif « 5 par jour » au Royaume-Uni (R-U) permettrait :
    • d’augmenter l’espérance de vie moyenne à la naissance de 7 à 8 mois ;
    • de réduire les émissions de gaz à effet de serre (EGES) liées à l’alimentation de 6,1 à 12,2 M de t éq. CO2/ an.
  • Les réductions les plus importantes des émissions de GES ont été obtenues en privilégiant l’augmentation de la consommation de légumes par rapport aux fruits.
  • La plus forte réduction de l’empreinte hydrique a été obtenue en donnant la priorité à la production de variétés de légumes britanniques.
  • Des modes de consommation respectant la recommandation des « 5 fruits et légumes par jour » pourraient avoir des effets bénéfiques sur la santé et l’environnement.

Méthodologie :

  • Le régime alimentaire de base a été établi sur la base de 18 006 journaux alimentaires tenus par 4528 personnes participant à l’enquête nationale britannique sur l’alimentation et la nutrition (2012/2013 – 2016/2017).
  • La programmation linéaire a été utilisée pour modéliser les 4 modes de consommation.
  • La consommation accrue de fruits et de légumes a été substituée à la consommation de snacks sucrés et de viande, respectivement.
  • La progression de l’espérance de vie a été évaluée à l’aide de la table de survie IOMLIFET.
  • Les empreintes carbone et eau du régime alimentaire moyen actuel au Royaume-Uni et des quatre modèles théoriques « 5 par jour » ont été calculées en additionnant les poids des aliments correspondants, multipliés par leurs valeurs spécifiques en équivalent dioxyde de carbone (éq. CO2) et de l’empreinte hydrique, telles qu’elles figurent dans la littérature.

 

Patricia Eustachio Colombo
Département de santé publique mondiale, Institut de Karolinska, Suède
Basé sur : Patricia Eustachio Colombo, et al. Pathways to “5-a-day”: modeling the health impacts and environmental footprints of meeting the target for fruit and vegetable intake in the United Kingdom. The American Journal of Clinical Nutrition 2021; 114(2): 530–539.
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