Modélisation : des outils au service de la conception de régimes alimentaires sains et durables

France : les gros consommateurs de fruits et légumes ont une alimentation plus saine et plus favorable à l’environnement

Si les bienfaits des fruits et légumes sur la santé humaine ne sont plus à démontrer, leur contribution à la santé de l’environnement fait encore l’objet de débats. Récemment, une étude a examiné la qualité nutritionnelle et l’empreinte environnementale des régimes alimentaires des adultes français selon leur niveau d’apport en fruits et légumes. D’après ce travail, une consommation importante de fruits et légumes est associée à une alimentation de meilleure qualité nutritionnelle et à un moindre impact environnemental, à l’exception de l’utilisation d’eau. Les conclusions portées par cette étude confirment l’importance de la promotion d’une alimentation riche en fruits et légumes pour la santé humaine et environnementale.

Ainsi que le définit la FAO, les régimes alimentaires durables sont des “régimes ayant de faibles conséquences sur l’environnement, qui contribuent à la sécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi qu’à une vie saine pour les générations actuelles et futures” (FAO, 2010). Afin d’atteindre ces objectifs, il est nécessaire de modifier les régimes actuels et d’impulser la transition vers une alimentation plus végétale, en augmentant notamment la consommation de fruits et légumes.

En effet, les bénéfices des fruits et légumes pour la santé humaine ne sont plus à démontrer. De nombreuses études confirment notamment leur rôle dans la prévention de maladies non transmissibles comme les maladies cardiovasculaires, le diabète et certains cancers (Aune et al., 2017 ; WCRF, 2018). Au-delà des bienfaits sur la santé, la consommation de fruits et légumes permettrait également de limiter les émissions de gaz à effet de serre et, par conséquent, l’impact des régimes alimentaires sur l’environnement (FAO, 2021).

Dans ce contexte, une étude récente (Komati et al., 2023) a évalué la qualité nutritionnelle et les impacts environnementaux des régimes alimentaires des adultes français selon leurs apports en fruits et légumes. Au total, les données de consommation alimentaire de 2121 adultes (enquête INCA3) ont été inclues.

Une amélioration de la qualité de l’alimentation avec l’augmentation des apports en fruits et légumes

La qualité nutritionnelle des régimes alimentaires a été évaluée à l’aide de 4 indicateurs :

  • le ratio d’adéquation moyen (MAR) des nutriments à favoriser ,
  • le ratio d’excès moyen (MER) des nutriments à limiter,
  • la densité énergétique,
  • le score PNNS-GS2 utilisé pour estimer l’adhésion des régimes alimentaires aux recommandations du Programme National Nutrition Santé.

Les résultats montrent que l’ensemble de ces indicateurs, et par conséquent, la qualité de l’alimentation, s’améliorent avec l’augmentation des apports en fruits et légumes.

Plus spécifiquement, les grands consommateurs de fruits et légumes bénéficient d’apports plus importants en vitamine C, potassium et fibres et présentent une densité énergétique et des apports en sucres plus faibles que les autres participants. Si une augmentation des apports en fibres a été observée conjointement à celle des apports en fruits et légumes, les scores d’adhésion aux recommandations du PNNS montrent toutefois que les recommandations concernant les fibres ne sont pas atteintes.

Par ailleurs, la meilleure qualité nutritionnelle des régimes n’est pas uniquement liés aux apports accrus en fruits et légumes. En effet, chez les gros consommateurs de fruits et légumes on note également des apports plus élevés en nutriments qui ne sont pas retrouvés dans ce groupe d’aliments tels que l’iode, les oméga 3 et le calcium. De plus, la consommation accrue de fruits et légumes n’a pas été associée à une diminution des apports en nutriments spécifiques à la viande tels que le fer et la vitamine B12. Ces résultats suggèrent ainsi que les grands consommateurs de fruits et légumes présentent une alimentation plus équilibrée.

De faibles impacts environnementaux à l’exception de l’utilisation d’eau

Afin d’évaluer les impacts environnementaux des régimes alimentaires, score global de leur empreinte environnementale ainsi que 4 indicateurs d’impact supplémentaires ont été examinés :

  • Le changement climatique (en kg/eq CO2) ;
  • L’appauvrissement de la couche d’ozone (en E-06 kg d’équivalent CFC 11) ;
  • L’exposition aux tooltips keyword= »particules fines (en E-06 incidence des maladies) » content = « Ont un effet sur la santé humaine par le biais de l’exposition à l’air (unité: E-06 incidence des maladies) »] ;
  • L’utilisation d’eau (en m3).

L’analyse des indicateurs montre qu’une consommation importante de fruits et légumes est associée à de faibles impacts sur le changement climatique, les émissions de particules fines ainsi que l’appauvrissement de la couche d’ozone. Néanmoins, un impact plus important a été observé sur l’utilisation de l’eau.

Concernant le score d’empreinte environnementale, aucune différence significative n’a été observée entre les différents groupes de consommateurs de fruits et légumes. Ce résultat peut s’expliquer par la faible contribution des fruits et légumes à l’empreinte environnementale globale comparé à celle des autres groupes alimentaires.

Optimiser les pratiques agricoles pour bénéficier des bienfaits des fruits et légumes tout en limitant leur impact sur l’environnement

Les conclusions de ce travail confirment les bienfaits des fruits et légumes pour la santé humaine et celle de l’environnement. Augmenter leur part dans les régimes alimentaires est ainsi essentiel pour une alimentation saine et durable.

L’impact observé sur l’utilisation d’eau pourrait être atténué en optimisant les pratiques agricoles en amont plutôt qu’en réduisant la consommation de fruits et légumes. Il serait notamment pertinent d’étudier le choix de variétés de cultures et de méthodes de production qui utilisent au mieux les ressources. Cette approche permettrait de bénéficier des bienfaits des fruits et légumes tout en limitant leur impact négatif sur l’utilisation d’eau.

Des recherches supplémentaires sont ainsi nécessaires afin de mieux prendre en compte les pratiques agricoles qui permettent de réduire l’impact de la consommation de fruits et légumes sur l’environnement.

Basé sur : Komati, N., Vieux, F., Maillot, M. et al. Environmental impact and nutritional quality of adult diet in France based on fruit and vegetable intakes. Eur J Nutr 63, 195–207 (2024).

Méthodologie
Messages clés
  • Une amélioration des indicateurs de qualité nutritionnelle a été observée avec l’augmentation des apports en fruits et légumes
  • Aucune différence significative n’a été observée entre les quintiles de consommation de fruits et légumes en ce qui concerne le score d’empreinte environnementale global.
  • Des consommations élevées de fruits et légumes sont associées à un impact moindre sur le changement climatique, les particules fines et l’appauvrissement de la couche d’ozone. Inversement, l’impact sur l’utilisation de l’eau augmente avec la consommation de fruits et légumes.
Références
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