Activité physique et alimentation saine : un duo gagnant

Il existe un lien entre les comportements d’activité physique, de sédentarité et les habitudes alimentaires chez les enfants et les adolescents

Groupe d'enfants faisant du sport - Aprifel

En termes de santé, les effets bénéfiques d’une activité physique régulière et d’une alimentation saine sont largement documentés et fondent les recommandations actuelles de santé publique. Dans une récente revue de la littérature, Julian et al. ont examiné les connaissances disponibles concernant les liens entre comportements d’activité, de sédentarité et comportements alimentaires chez les jeunes. D’après ce travail, un faible niveau d’activité physique et une forte sédentarité sont associés à des prises alimentaires plus élevées et à une alimentation de mauvaise qualité. D’autre part, la pratique d’une activité intense à proximité des repas améliorerait le contrôle de l’appétit. Ces résultats invitent soutenir les actions de prévention impliquant l’activité physique dès le plus jeune âge.

L’activité physique, en particulier d’intensité modérée à soutenue, améliore la santé globale, notamment l’indice de masse corporelle, la masse grasse, les risques cardio-métaboliques, la condition physique, mais aussi le développement mental et cognitif des jeunes (OMS, 2020). Au contraire, les comportements sédentaires sont associés à des effets cardiovasculaires et psychosociaux néfastes pour la santé. Les recommandations de santé publique (Chaput 2020) sont régulièrement mises à jour, mais la situation épidémiologique actuelle n’en reste pas moins alarmante. Selon les données de l’étude ISCOLE (Roman-Viñas,2016) :

  • 44% des enfants respectent les recommandations relatives à l’activité physique ;
  • 39% respectent les recommandations sur la sédentarité et, seuls,
  • 16% respectent simultanément les deux recommandations.

Figure recommandations enfants activité physique

L’obésité résulte d’interactions complexes entre des facteurs biologiques, génétiques, environnementaux et comportementaux qui aboutissent à un déséquilibre entre les apports et dépenses énergétiques (balance énergétique).

Des apports alimentaires plus élevés et une alimentation médiocre chez les enfants peu actifs

Dans une optique de prévention du surpoids et de l’obésité, l’impact de l’activité physique sur les dépenses énergétiques a été largement étudié au cours des dernières décennies. De travaux récents ont porté sur les interactions les comportements d’activité physique et les apports énergétiques. Ces études montrent qu’un faible niveau d’activité physique et une forte sédentarité sont associés à un accroissement de la prise alimentaire et à une alimentation de mauvaise qualité.

Une étude réalisée sur 9 842 jeunes (Manz, 2019) a ainsi observé qu’une activité physique accrue est associée à une consommation plus élevée d’aliments sains (fruits et légumes) et plus réduite d’aliments malsains (boissons gazeuses, snacks salés). Ce constat va dans le sens des résultats précédents de l’étude IDEFICS (Santaliestra-Pasías, 2018). D’autre part, le temps passé devant un écran semble avoir un effet particulièrement néfaste sur les habitudes alimentaires (Lowry, 2015, Tambalis, 2019). L’étude ISCOLE menée auprès de 5 873 enfants, a montré que le respect des recommandations en matière de temps passé devant un écran est fortement associé à des habitudes alimentaires saines (Thivel, 2019).

L’exercice physique, moyen potentiel de mieux contrôler l’appétit

L’hypothèse avancée pour expliquer ces observations, serait que pour les modes de vie peu actifs/fortement sédentaires, les mécanismes qui régulent la prise alimentaire (processus de régulation homéostatique énergétique) seraient supplantés par les processus hédoniques, entraînant une surconsommation et/ou une consommation alimentaire de mauvaise qualité.

Ainsi, de récentes études ont montré qu’une activité physique de forte intensité réduit les quantités consommées ultérieurement chez les jeunes (Thivel, 2019). Au-delà de la durée, du mode d’exercice ou de la dépense induite, l’intensité de l’exercice serait la principale caractéristique impliquée dans la modulation de l’apport énergétique.

Il semble également que le moment choisi pour l’exercice physique est un autre paramètre important à prendre en compte, notamment le moment de la journée (matin ou après-midi), la position (avant ou après le repas) et le délai entre l’exercice et les repas. Ainsi, selon les auteurs de cette revue, faire de l’exercice à proximité d’un repas permettrait ainsi de favoriser l’équilibre homéostatique, mais le sujet est peu traité par la littérature en ce qui concerne les enfants.

L’activité physique, levier de régulation de l’appétit et de gestion du poids chez les jeunes

Au regard de ces connaissances, les auteurs soulignent les bénéfices potentiels que représente l’activité physique chez les enfants dans une optique de régulation de l’appétit, d’amélioration des habitudes alimentaire et de gestion du poids. D’autre part, les habitudes des enfants en matière d’activité physique et de comportements sédentaires se poursuivent à l’adolescence et à l’âge adulte. Les auteurs soulignent ainsi, l’importance de mettre en place des actions de prévention précoces en encourageant l’activité physique et en luttant contre la sédentarité dès le plus jeune âge.

MESSAGES CLES :

 

  • Il existe une association entre un faible niveau d’activité physique, une forte sédentarité et des apports alimentaires accrus et de mauvaises habitudes alimentaires.
  • Pratiquer une activité intense peu avant le repas améliore le contrôle de l’appétit chez les enfants
  • Encourager l’activité physique et lutter contre la sédentarité dès le plus jeune âge est un levier de prévention à court et long termes

 

Basé sur : Julian V, Haschke F, Fearnbach N, Gomahr J, Pixner T, Furthner D, Weghuber D, Thivel D. Effects of movement behaviors on overall health and appetite control: current evidence and perspectives in children and adolescents. Curr Obes Rep. 2022 Jan 12.
  • Chaput J-P., et al. WHO guidelines on physical activity and sedentary behaviour for children and adolescents aged 5–17 years: summary of the evidence. Int J Behav Nutr Phys Act. 2020;17:141. 2020
  • Manz K., et al. Associations between Physical Activity and Food Intake among Children and Adolescents: Results of KiGGS Wave 2. Nutrients. 2019;11 
  • Santaliestra-Pasías AM., et al. Food and beverage intakes according to physical activity levels in European children: the IDEFICS (Identification and prevention of Dietary and lifestyle induced health EFfects In Children and infantS) study. Public Health Nutr. 2018;21:1717–25 
  • Lowry R., et al. Associations of Physical Activity and Sedentary Behaviors with Dietary Behaviors among US High School Students . J Obes. 2015;2015:876524 
  • Tambalis KD. Et al. Concomitant Associations between Lifestyle Characteristics and Physical Activity Status in Children and Adolescents.  J Res Health Sci. 2019;19:e00439 
  • Thivel D., et al. Associations between meeting combinations of 24-hour movement recommendations and dietary patterns of children: A 12-country study. Preventive Medicine. 2019;118:159–65 
  • Thivel D. et al. Homeostatic and neurocognitive control of energy intake in response to exercise in pediatric obesity: a psychobiological framework. Obes Rev. 2019;20:316–24 
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