L'approche "One Health" - un concept fondamental face aux enjeux actuels de santé

“One Health”, un concept essentiel pour les décideurs politiques

Notre planète est actuellement confrontée à des défis importants notamment liés à l’accroissement de la population mondiale, l’augmentation des interactions entre l’homme et l’animal, ainsi qu’au réchauffement climatique (Mwangi, 2016). Face à l’ampleur et à la complexité de ces enjeux, le concept “One Health” – “une seule santé” – a été initié au début des années 2000. Son principe ? Promouvoir une approche holistique et intégrée de la santé humaine, animale et environnementale. Une récente étude démontre la pertinence de cette approche pour la formulation de politiques publiques efficaces.

Les défis de notre société et les Objectifs de Développement Durable suscitent une prise de conscience croissante de la nécessité d’impliquer des équipes transdisciplinaires dans la résolution de problèmes complexes (ONU, 2020). Aussi, en 2008, l’OMS, l’OIE et la FAO ont lancé l’initiative “One Health” pour démontrer l’existence d’un lien étroit entre la santé humaine, animale et environnementale (OMS, 2019).

Pourtant, à ce jour, peu de politiques de santé publique s’appuient sur les piliers de cette approche globale et seule une importance restreinte est accordée aux facteurs institutionnels, politiques et sociaux associés à leur mise en œuvre (Woods, 2014). Face à ce constat, l’étude de de Macedo Couto a examiné successivement diverses politiques de santé publique sous l’angle One Health, et démontre la pertinence de cette approche pour divers cas concrets.

L’équilibre de l’environnement est essentiel à la santé humaine

Les environnements écologiquement équilibrés ont un impact sur la qualité de vie, le bien-être et la santé de la population (Lafferty, 2009). A l’inverse, les interventions humaines dans les zones naturelles entraînent des modifications de la biodiversité et de la diversité des hôtes des agents pathogènes ce qui peut avoie qui peut avoir des répercussions importantes sur la santé humaine (Hassell, 2017). Les zoonoses en sont un exemple majeur et illustrent la nécessité d’une approche holistique. Généralement endémiques, les zoonoses surviennent localement via la présence de foyers naturels. A la faveur de changements dans l’écosystème et de l’évolution des conditions météorologiques des épidémies peuvent survenir, notamment pour les maladies à transmission vectorielle (Campbell-Lendru, 2015). L’évolution et l’adaptation des pathogènes est ainsi une préoccupation grandissante des décideurs politiques qui soutiennent une approche plus large et holistique de la santé (Jones, 2008) pour protéger ces zones naturelles et in fine, prévenir la survenue de ces zoonoses.

Autre exemple des liens entre santé humaine et qualité de l’environnement, des études ont montré que la présence d’espaces verts contribuait à la promotion de la santé humaine. Ces environnements naturels permettent notamment de réduire le stress, le bruit, la pollution de l’air ainsi que les excès de chaleur. De plus, ils participent à l’amélioration du système immunitaire et encouragent également l’activité physique (James, 2015 ; Li, 2008 ; Kaczyncki, 2007). A l’inverse, le faible nombre d’espace verts dans les zones urbaines est associée à une exposition importante aux agents cancérigènes de l’environnement, ce qui pourrait conduire à de nouveaux cas de cancer (Ribeiro, 2018).

L’évolution de nos habitudes alimentaires impacte la santé humaine ainsi que celle de l’environnement

Les liens entre alimentation et santé sont une nouvelle illustration de la pertinence d’une approche globale. Les choix alimentaires établissent, en effet, un lien entre la durabilité environnementale et la santé humaine. Les habitudes alimentaires évoluent dans le monde entier en raison de l’augmentation des revenus et de l’urbanisation avec une consommation croissante d’aliments transformés, de produits à haute densité énergique et d’aliments carnés. Cette transition alimentaire se traduit par l’abandon des régimes traditionnels au profit de modèles susceptibles d’impacter l’environnement – en provoquant d’importantes émissions de gaz à effet de serre et en contribuant à la déforestation – et la santé publique en augmentant l’incidence mondiale des maladies non transmissibles (Tilman, 2014).

Ils existent néanmoins des modèles alimentaires alternatifs présentant des avantages substantiels pour la santé. Ils pourraient – s’ils étaient largement adoptés – réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre liées à l’agriculture, limiter le défrichement et les extinctions d’espèces associées, et contribuer à la prévention des maladies non transmissibles.

Par ailleurs, l’aménagement du territoire peut atténuer certains des effets de l’expansion agricole en préservant les zones naturelles restantes et la biodiversité existante ainsi qu’en protégeant les eaux de surface. Les nouvelles technologies et politiques développées pour une agriculture écologiquement durable pourraient également minimiser les impacts et permettre un approvisionnement suffisant et équitable des aliments. La mise en œuvre de stratégies alimentaires visant à traiter la question interconnectée « Alimentation-Environnement-Santé » constitue ainsi, selon les auteurs un défi mondial (Tilman, 2014).

Placer la science, la transdisciplinarité et l’action collective au cœur de l’élaboration des politiques

Selon les Nations Unies, des mesures multidisciplinaires et intersectorielles sont essentielles pour atteindre les Objectifs du Développement Durable d’ici 2030 (ONU, 2020). C’est ainsi qu’est né le concept “One Health” pour l’élaboration et la mise en œuvre des politiques. Les éléments clés de cette approche holistique sont les suivants :

  • Etablir des liens et des actions communes entre les secteurs de la santé humaine, animale et environnementale.
  • Impliquer différents acteurs et institutions (publics et privés).

Les mesures prises dans un secteur doivent tenir compte des analyses d’impact pour limiter les potentiels effets négatifs sur les autres secteurs et ainsi réduire la redondance et la duplication des directives politiques (Chatterjee, 2016).

Ainsi que les auteurs le soulignent, le rôle de la science est crucial pour la formulation des politiques One Health, car celles-ci doivent être fondées sur des études scientifiques. Dès lors que la communauté scientifique adhère à l’idée que la santé des animaux et des écosystèmes est liée de manière ombilicale à la santé humaine, la stratégie des politiques nationales de santé publique devrait suivre en conséquence. Ces approches transdisciplinaires peuvent être utilisées à la fois pour améliorer l’efficacité des systèmes existants et pour développer de nouveaux réseaux d’action collective (Zinsstag, 2015). Si la science est capable d’identifier des solutions aux problèmes de santé publique, seules les politiques sont en mesure de les concrétiser (Greer, 2017).

Figure 1 : Piliers de l’approche « One Health » pour la formulation des politiques de santé publique (adapté de de Macedo Couto R, 2020)

Quatre recommandations pratiques pour utiliser pleinement l’approche One Health

Afin que les décideurs politiques et les professionnels de santé adoptent une approche One Health, cette étude suggère quelques éléments pratiques pour utiliser pleinement cet outil :

  1. Inclure dans les programmes d’enseignement des directives basées sur les perspectives du One Health et du développement durable
  2. Garantir un cadre juridique solide qui légitime les pratiques de santé publique fondées sur l’approche One Health
  3. Créer des réseaux de recherche pour soutenir l’application de politiques publiques basées sur l’approche One Health
  4. Établir des groupes de travail réunissant le gouvernement, le secteur privé et la société civile afin d’engager un dialogue intersectoriel pour identifier les problèmes de santé publique dans une approche One Health

Basé sur : de Macedo Couto R, Brandespim DF. A review of the One Health concept and its application as a tool for policy makers. Int. J. One Health, 2020

Méthodologie
Messages clés
  • La majorité des problèmes liés à la santé concernent le même ensemble complexe que forment l’homme, les animaux et l’environnement. Par conséquent, le processus décisionnel du gouvernement devrait être fondé sur les piliers du concept « One Health ».
  • L’approche holistique de la santé, associant les efforts des organismes publics, privés et de recherche, permettrait de supprimer la culture organisationnelle actuelle de fragmentation entre secteurs et acteurs politiques qui représente un obstacle à la mise en œuvre de politiques intégrées et intersectorielles.
  • Cette approche d’améliorer l’administration publique ainsi que la gouvernance.
Références
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