Comportements alimentaires, mouvement et sommeil, quels liens ?

Sédentarité : le temps d’écran, facteur déterminant des comportements alimentaires et de santé

screen-time and dietary choices- GFVN - February 2023

Aux Etats-Unis, les adultes passent environ 34 heures par semaine devant la télévision. Alors que l’association entre le temps passé devant le petit écran et les comportements de santé est désormais bien établie, la multiplication des écrans (smartphones, tablettes) et des modes de consultation nécessite des travaux complémentaires. Une étude récente a ainsi cherché à déterminer si l’utilisation prolongée de divers écrans – en plus de la télévision – était associée à de mauvaises habitudes alimentaires, ainsi qu’à d’autres comportements liés à la santé. D’après ce travail, plus le temps d’écran est important, plus les comportements défavorables à la santé sont fréquents.

Le temps passé devant la télévision est l’un des comportements sédentaires les plus répandus au sein de la population américaine (Hu FB, 2001). De nombreuses études ont démontré que regarder plus de deux heures de télévision par jour était associé à des comportements néfastes pour la santé ainsi qu’à de nombreuses maladies non transmissibles et à la mortalité, toutes causes confondues (Dunstan, 2004 ; Malik, 2013).

Au-delà du temps passé devant la télévision, l’utilisation d’autres appareils connectés a considérablement augmenté ces dernières années. A ce jour, peu de travaux ont exploré l’impact de la consommation simultanée de différents types d’écrans sur la santé. Une publication récente (Vizcaino et al, 2020) a ainsi cherché à d’apporter de nouvelles preuves sur l’association entre l’utilisation prolongée d’une variété d’écrans et les habitudes alimentaires, l’activité physique, la qualité du sommeil et le stress chez les adultes américains.

Une association entre l’utilisation prolongée d’écrans et des habitudes alimentaires moins saines

Cette étude a démontré que les personnes consacrant une partie importante de leur journée à l’utilisation d’écrans présentaient les habitudes alimentaires les moins saines. Ces personnes consommaient notamment peu de fruits et légumes mais buvaient régulièrement des sodas ainsi que du thé sucré. Enfin, ces “grands consommateurs d’écrans” présentaient la plus faible fréquence de repas partagés en famille sans écran, mais la plus forte fréquence de consommation de fast-food.

Après analyses distinctes par types d’écrans, seuls les « grands consommateurs » de télévision et de smartphone ont présenté des scores statistiquement différents dans les habitudes alimentaires par rapport aux autres groupes. Ces résultats soulignent l’importance d’explorer séparément l’impact des différents dispositifs d’écran sur les habitudes alimentaires plutôt que de se limiter à une mesure globale du temps total d’écran.

Repas en famille devant la télévision et santé, un lien à éclaircir

Chez les « grands utilisateurs » de télévision et d’appareils connectés, une fréquence statistiquement plus élevée de repas en famille devant la télévision est observée. Or, la fréquence des repas en famille a été identifiée comme un facteur prédictif d’habitudes alimentaires plus saines et de meilleure gestion du poids chez les enfants et les adolescents (Hammons, 2011). En effet, les repas en famille pourraient contribuer à la cohésion familiale, à la résolution des problèmes, ainsi qu’à l’adaptation émotionnelle, considérés comme des facteurs déterminants de l’amélioration de la santé (Franko, 2008).

Cependant, il n’est pas encore démontré que le potentiel des repas familiaux à favoriser une meilleure santé chez les enfants et les familles puisse être perturbé par le fait de regarder la télévision ou de passer du temps devant un écran au cours de ces repas. Des recherches supplémentaires sont donc nécessaires pour étudier le lien entre l’utilisation simultanée d’écrans, la consommation de repas en famille et la santé émotionnelle et physique.

Le « binge-watching », un phénomène croissant associé à des pratiques alimentaires peu saines

Le binge-watching se définit comme la consommation continue de divertissements sur écran, facilitée en partie par les services de streaming et les appareils connectés à la télévision. Dans cette étude, le binge-watching était significativement associé aux habitudes alimentaires les moins saines, à la fréquence de consommation de fast-food, ainsi qu’à la prise des repas familiaux devant la télévision. De plus, ce travail a démontré que les grands consommateurs d’écrans étaient moins actifs, moins attentifs à la durée et qualité de leur sommeil et à leur santé, et globalement plus anxieux que les autres participants.

Cette étude démontre ainsi que le temps passé devant un écran peut être associé à une multitude de facteurs affectant la santé, et de manière différente selon le type d’écran. Les auteurs pointent ainsi, le besoin de futurs travaux afin de continuer à explorer l’influence des différents types d’écrans sur les comportements de santé ainsi que sur la santé à long terme.

Basé sur : Vizcaino, M et al. From TVs to tablets: the relation between device-specific screen time and health-related behaviors and characteristics. BMC Public Health, 2020; 20(1) :1295 

Comportements sédentaires, une tendance à la hausse

Par définition, la sédentarité correspond à une situation d’éveil caractérisée par une dépense énergétique inférieure ou égale à la dépense énergétique de repos en position assise ou allongée (Sedentary Behaviour Network, 2012). Elle correspond ainsi au temps passé assis ou allongé sans autre activité physique, entre le lever et le coucher. Contrairement aux idées reçues, il est possible d’être physiquement actif et sédentaire, notamment au travail, devant la télé, ou dans les transports (voir figure 1).

Le comportement sédentaire est un déterminant majeur de l’état de santé des populations. Passer plus de 8 heures par jour en positon assise expose notamment à des risques plus élevés de maladies non transmissibles comme les maladies cardio-vasculaires et certains cancers. Or, en France, plus d’un tiers des adultes cumulent un niveau de sédentarité élevé et une activité physique insuffisante (Anses, 2022). Pour faire face à cette épidémie silencieuse, l’Anses a notamment publié un avis dans lequel l’instance rappelle que la lutte contre la sédentarité doit constituer une priorité des pouvoirs publics.

Figure 1 : Profils liés à l’activité physique et la sédentarité (d’après le site de l’ONAPS)
Méthodologie
Messages clés
  • Des choix alimentaires moins sains, ainsi que d’autres effets négatifs sur la santé, sont plus fréquemment observés lorsque le temps d’utilisation d’une variété d’écrans augmentait dans l’échantillon étudié.
  • Les grands consommateurs d’écran présentaient les habitudes alimentaires les moins saines : moindre consommation de fruits et légumes, consommation régulière de sodas et de thés sucrés, faible fréquence de repas partagés en famille sans écran et fréquence la plus élevée de consommation de fast-food.
  • Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux déterminer les facteurs qui, parmi les différents types d’écran, pourraient affecter les comportements de santé et, par conséquent, la santé à long terme.
Références
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