Polyphénols : des constituants des fruits et légumes aux multiples bénéfices pour la santé

Vieillissement : les flavonoïdes permettraient de lutter contre le déclin cognitif

Une méta-analyse récente a examiné la littérature existante sur les bénéfices de la consommation de flavonoïdes sur les performances cognitives. Cette analyse globale démontre notamment que les flavonoïdes alimentaires présentent des bienfaits sur plusieurs domaines cognitifs, avec des variations selon les sources alimentaires. Les conclusions de ce travail soulignent l’intérêt de déployer des interventions nutritionnelles à base de flavonoïdes dans le cadre de la prévention du déclin cognitif.

Avec près de 10 millions de nouveaux cas chaque année dans le monde, les troubles neurodégénératifs pèsent lourdement sur nos sociétés. Face à l’accélération du vieillissement de la population mondiale, l’amélioration et le maintien des fonctions cognitives est essentielle, et ce tout au long de la vie. L’impact des régimes alimentaires sur la santé cognitive suscite un intérêt croissant. Des études épidémiologiques montrent en effet qu’une alimentation saine et riche en fruits et légumes contribue au maintien des fonctions cognitives et diminue le risque de troubles neurodégénératifs comme la maladie d’Alzheimer et la démence vasculaire (Devore et al., 2012; Samieri et al., 2014).

Parmi les composés bioactifs associés aux bienfaits de l’alimentation sur la cognition, figurent les polyphénols, des phytonutriments présents dans les aliments d’origine végétale. Les flavonoïdes – un sous-groupe de polyphénols retrouvés dans les fruits rouges et les baies – font notamment l’objet de nombreuses études en raison de leur capacité à retarder le déclin cognitif (Bell et al., 2021; Lamport et al., 2020). Si les recherches se multiplient sur le sujet, elles se limitent toutefois à des contraintes d’échantillon et de données et ne permettent pas d’établir de conclusions globales sur les effets de ces composés. Pour y palier, une méta-analyse récente (Cheng et al., 2022) a rassemblé les données de la littérature afin de mieux comprendre la nature et l’ampleur des effets des flavonoïdes sur la cognition.

Des bienfaits sur la cognition variables selon les sources alimentaires

Au total, 80 études réunissant 5519 participants ont été retenues dans cette analyse. Les résultats montrent que la supplémentation en flavonoïdes exerce un effet significativement positif – bien que faible – sur 3 domaines cognitifs :

  • La mémoire à long terme,
  • La vitesse de traitement,
  • L’humeur subjective.

Si l’ampleur de cet effet reste limitée, des travaux antérieurs suggèrent qu’il peut avoir un impact important à long terme, en particulier lorsqu’il s’agit de paramètres de santé cumulatifs.

Les effets observés diffèrent en fonction de la source alimentaire des flavonoïdes testés. Parmi les aliments analysés, seuls les fruits rouges et baies, le ginkgo ainsi que le cacao ont été associés aux effets significativement positifs sur la cognition. Aucun effet n’a été rapporté pour les agrumes, le soja, l’écorce de pin et le thé. Ces variations peuvent notamment reposer sur des différences de biodisponibilité entre les différents types de flavonoïdes et leurs métabolites (Di Lorenzo et al., 2021).

Des résultats variables selon la durée de supplémentation, l’âge et l’état physiologique

Les études d’intervention inclues dans ce travail ont testé plusieurs durées de traitement aux flavonoïdes. Parmi les différentes modalités testées, seul le traitement d’une durée supérieure à 6 semaines a présenté des effets significatifs sur la cognition. L’allongement de la durée d’intervention à plus de 3 mois a entraîné un effet similaire. Ces observations suggèrent ainsi qu’une supplémentation chronique en flavonoïdes, d’une durée minimale de 6 semaines, est nécessaire afin de bénéficier de leurs bienfaits sur la cognition.

Les effets de la supplémentation en flavonoïdes n’ont été observés que chez les adultes et les personnes âgées. Aucun effet n’a été rapporté chez les enfants et les jeunes adultes. Ce constat s’explique notamment par le fait que le déclin cognitif débute à partir d’un certain âge, augmentant ainsi la probabilité que les flavonoïdes exercent un effet détectable (Strittmatter et al., 2020).

Enfin, le traitement aux flavonoïdes a exercé des effets sur la cognition à la fois chez les sujets sains et les sujets présentant des altérations de la cognition, l’ampleur de ces effets étant significativement plus importante pour cette dernière population. Cette observation repose notamment sur le fait qu’il est plus probable d’observer des améliorations sur des individus présentant une moins bonne santé cognitive. Ces résultats sont conformes à ceux de méta-analyses démontrant notamment l’efficacité d’une supplémentation en gingko dans le cadre de la maladie d’Alzheimer et du déclin cognitif (Birks et al., 2009 ; Weinmann et al., 2010).

Vers des interventions nutritionnelles pour la prévention du déclin cognitif

Ainsi que le suggèrent les résultats de cette étude, la supplémentation en flavonoïdes constitue une stratégie intéressante et accessible dans le cadre d’interventions de prévention du déclin cognitif.

Les auteurs soulignent cependant que des travaux supplémentaires restent nécessaires afin de déterminer avec plus de précision les domaines cognitifs sur lesquels les flavonoïdes exercent leurs effets. Cette étape permettrait notamment de cibler les potentielles recommandations à l’intention des patients ou des consommateurs pour l’élaboration de messages de santé publique. Des études “dose-réponse” sont également nécessaires afin d’établir les doses optimales et adaptées sur le plan nutritionnel.

Basé sur : Cheng N, et al. Dietary Flavonoids and Human Cognition: A Meta-Analysis. Mol Nutr Food Res. 2022 Nov;66(21):e2100976.

Méthodologie
Messages clés
  • Les flavonoïdes alimentaires, en particulier ceux présents dans le cacao, le ginkgo et les fruits rouges exercent des effets significatifs sur 3 domaines cognitifs.
  • Ces effets sont dépendants de la durée de supplémentation, de l’âge et de l’état physiologique.
  • La supplémentation en flavonoïdes constitue une stratégie pertinente et accessible dans le cadre de la prévention du déclin cognitif.
Références
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