Transition alimentaire : les régimes nutritionnellement sains sont-ils compatibles avec les autres dimensions de la durabilité ?

Édito

Les systèmes alimentaires actuels jouent un rôle évident que ce soit vis-à-vis des maladies non transmissibles ou du changement climatique. La transition vers des modes de production et de consommation plus durables est ainsi essentielle. Un nombre croissant de travaux s’intéresse aux moyens susceptibles de limiter les impacts environnementaux de l’alimentation, tout en tenant compte de la qualité nutritionnelle des régimes, de leurs impacts en termes de santé et des dimensions socio-économiques.

Ce numéro d’Équation Nutrition présente trois articles examinant l’alignement des différentes dimensions de la durabilité sur les systèmes alimentaires.

Le premier – une revue systématique – examine les effets attendus de divers modèles alimentaires durables, définis a priori. Les conséquences d’une transition vers ces modèles sont évaluées en termes de santé, d’environnement et pour la première fois d’accessibilité économique. Selon ce travail, améliorer la qualité nutritionnelle des régimes serait également favorable pour l’environnement. Cependant, la transition vers ces régimes représenterait un coût supplémentaire pour les consommateurs, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, et pour les personnes de statut socio-économique modeste.

Le deuxième article évalue l’impact environnemental de cinq modèles alimentaires aux États-Unis. Les résultats montrent que les régimes omnivores présentent un impact environnemental plus important sur l’utilisation des terres, de l’eau et les émissions de gaz à effet de serre que les régimes végétariens/végétaliens. La viande rouge constitue le principal contributeur aux impacts environnementaux des régimes omnivores, avec une ampleur bien plus forte que les autres groupes d’aliments des régimes végétariens.

Le troisième examine la qualité nutritionnelle et les émissions de gaz à effet de serre de repas végétariens et non végétariens proposés dans des écoles primaires en France. Cette étude démontre que l’augmentation de la fréquence des repas scolaires végétariens permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en garantissant une qualité nutritionnelle adéquate.

Anna Herforth Chercheuse principale associée
École de santé publique T.H Chan, Harvard, États-Unis
A propos de l’auteur

Anna Herforth est chercheuse principale associée à la Harvard T.H Chan School of Public Health ainsi que chercheuse principale invitée à l’Université de Wageningen (Pays-Bas). Elle est titulaire d’un doctorat en nutrition internationale de l’université de Cornell, d’une maîtrise en politique alimentaire de l’université de Tufts et d’une licence en sciences végétales de l’université de Cornell.

Anna est la responsable du projet sur la qualité de l’alimentation mondiale et co-directrice du projet sur le prix des aliments pour la nutrition. Elle dirige des initiatives visant à améliorer la mesure des systèmes alimentaires pour une alimentation saine. Elle a notamment développé l’indicateur « coût et accessibilité d’un régime alimentaire sain » récemment été adopté par la FAO comme indicateur de la sécurité alimentaire mondiale. Elle a travaillé en Afrique, en Asie du Sud ainsi qu’en Amérique latine, avec des communautés agricoles et autochtones. Anna a cofondé et codirige la communauté de pratique Agriculture-Nutrition (Ag2Nut), une communauté professionnelle qui compte plus de 9 000 membres issus de 130 pays.

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