Équation nutrition

L’alimentation des enfants et adolescents français : évolutions récentes

A la fin de l’année 2007 ont été publiés les premiers résultats de l’enquête INCA 2. Réalisée par l’AFSSA, cette seconde édition de «l’étude Individuelle Nationale des Consommations Alimentaires» permet de mesurer les évolutions récentes de l’alimentation des adultes, adolescents et enfants français : l’étude a en effet été renouvelée huit années après la première enquête INCA 1 (1998-1999). Pour cette seconde vague, plus de 4000 sujets âgés de 3 à 79 ans ont été enquêtés sur leurs consommations alimentaires (celles-ci ont été enregistrées pendant sept journées consécutives). Dans cet article, nous nous intéresserons plus particulièrement aux résultats concernant les enfants et les adolescents (3 à 17 ans).

La consommation de pain, de produits laitiers et de viande diminue

Dans toutes les tranches d’âge – enfants (3–10 ans), pré-adolescents (11-14 ans) et adolescents (15–17 ans) – la consommation globale de «féculents et produits céréaliers» (pain, céréales, pommes de terre, légumes secs) a peu varié entre 1998-1999 et 2006-2007. En revanche, au sein de ce groupe d’aliments, le pain et les pommes de terre ont vu leur consommation diminuer sensiblement tandis que celle des pâtes et du riz augmentait : ainsi, chez les garçons de 11-14 ans, les quantités de pain et biscottes ingérées ont ainsi chuté de 30 % en 8 ans ! Selon le PNNS*, au moins un aliment de ce groupe devrait être présent à chaque repas : ce n’est le cas que chez une minorité d’enfants (31 %); par ailleurs, plus d’un enfant sur deux ne consomme pas suffisamment de glucides complexes.

Au cours des huit dernières années, la consommation de produits laitiers a également diminué chez les enfants, et cela dans toutes les tranches d’âge (chez les adultes également, cette famille de produits fait l’objet d’une désaffection). La baisse est particulièrement marquée chez les filles et chez les pré-adolescents : ils consomment à la fois moins de produits laitiers et, parallèlement, le taux de consommateurs diminue égale-ment. Ce sont surtout le lait et les fromages qui déclinent, la consommation des produits laitiers ultra-frais demeurant stable, sauf chez les adolescents où elle régresse sensiblement.

Chez les jeunes Français comme chez leurs parents, la quantité de viande consommée diminue elle aussi. Sur la période considérée, la baisse est d’environ 20 % chez les garçons comme chez les filles, et elle ne dépend pas de la catégorie socio-professionnelle du chef de famille. Pour leur part, les produits de la mer restent stables.

Bonne nouvelle :

les enfants mangent moins de sucres et dérivés, de viennoiseries, de pâtisseries et de biscuits.

L’ensemble des aliments sucrés voit sa consommation se réduire, particulièrement chez les 3-14 ans (environ – 15 %) ; ce recul de consommation concerne autant les filles que les garçons. Au sein de cette famille de produits, les sucres et dérivés (sucre, confiture, miel, confiseries) chutent (- 27 %). Les viennoiseries, pâtisseries et biscuits sucrés baissent eux aussi (- 19 %), et cela dans toutes les catégories d’âge.

Fruits et légumes : la stabilité

Les fruits frais demeurent stables chez les enfants (3-14 ans) et augmentent chez les adolescents (+ 12 %, de 64 à 71 g / j).

Les compotes et fruits cuits connaissent une hausse sensible, notamment chez les 3-10 ans où leur consommation a été multipliée par 2 en huit ans. Toutefois, ces produits transformés ne représentent encore qu’une faible part de la consommation totale de fruits.

La consommation de légumes est stable chez les enfants (seules les soupes diminuent chez les 15-17 ans, en raison d’une baisse du pourcentage de consommateurs).

En 2006-2007, les jeunes Français consommaient en moyenne 78 grammes de légumes par jour (hors pommes de terre et soupes), 68 grammes de fruits frais et 17 grammes de compotes et fruits cuits.

Seuls 2 enfants sur 10 consomment au moins cinq fruits et légumes par jour

D’après la récente étude ENNS (Etude Nationale Nutrition Santé 2006), réalisée par l’Institut National de Veille Sanitaire, près de 6 enfants sur 10 (58 %) sont considérés comme de «petits consommateurs» de fruits et de légumes, c’est-à-dire en mangent moins de 3,5 portions par jour (280 grammes). Cette proportion est supérieure à celle observée chez les adultes où l’étude dénombre «seulement» 35 % de petits consommateurs. A l’inverse, seuls 2 enfants sur 10 mangent au moins les cinq portions de fruits et de légumes recommandées quotidiennement, alors que les adultes sont 43 % dans ce cas.

Eric Birlouez
Sociologue de l’agriculture et de l’alimentation, Paris, FRANCE
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